Rencontre avec Margaux Revollet pour son premier one-woman-show T.T.Q : Trahie, Trompée, Quittée, qu’elle joue actuellement à la Comédie des 3 Bornes. Le pitch : Après avoir inscrit sa petite amie dans une équipe de foot LGBTQIA+, Margaux est TTQ : Trahie, Trompée, Quittée. Elle interroge alors le bien-fondé des initiatives sportives au sein du couple, et convoque tour à tour un vendeur de Bouygues, un trappeur du Colorado, des Capétiens ralentis par un sol meuble. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 113 de Jeanne Magazine.
Pouvez-vous partager avec nous certains moments clés de votre parcours artistique qui ont conduit à la création de votre spectacle TTQ : Trahie, Trompée, Quittée ? En décembre 2022, je joue dans la première pièce de théâtre professionnelle de ma vie : Au Bonheur des Dames, mise en scène par Juliette Colin (Crumble Production). Dans cette pièce, j’étais doublure, je remplaçais une des comédiennes quand elle était malade. Elle n’était jamais malade. Du coup mon rôle, c’était de porter une lanterne dans le noir. Forte de ce premier rôle au succès retentissant, j’avais conscience que je n’allais pas attirer beaucoup de metteurs en scène avec ce CV.
Il fallait que je crée quelque chose par moi- même, et j’ai pensé au stand-up. J’ai écrit un premier 5 minutes, et je suis allée le jouer en Suisse, parce que personne ne me prenait à Paris. J’ai joué dans le hall d’un hôtel, dans le banlieue de Genève, sur une palette. Il y avait 10 personnes, en transit, qui buvaient leur chocolat chaud. Vraiment, personne n’était là pour voir du stand up. Et on a appelé mon nom. J’ai joué, les gens ont rigolé. Je suis repartie en tram, comme j’étais venue, j’avais le cœur battant, l’impression d’avoir fait une scène incroyable. Alors que vraiment, c’était croyable. Il n’y avait pas de quoi déconner les bœufs, mais je ressentais une joie immense.
Je suis rentrée à Paris, j’ai repris ce 5 minutes, je l’ai rejoué devant des copains, pour comprendre ce qui marchait, ce qui ne marchait pas. Je l’ai réécrit, réécrit, réécrit. Je l’ai rejoué à Paris, au Trempoint du Point Virgule, et dans la salle il y avait Aurélie Delas, ma prof de théâtre, qui m’a dit à la fin “si tu fais un spectacle je veux te mettre en scène, si tu as déjà quelqu’un sur le coup, je lui casse la jambe”. Je crois qu’elle rigolait, mais du coup j’ai pas osé dire non. Et c’est comme ça que mon premier spectacle est devenu un objectif. Ça devenait palpable. En juillet on a fait la première répétition. Je me suis dit c’est nul, elle va se barrer. Elle est restée. On a monté le spectacle, et maintenant il existe.
En explorant les thèmes du couple lesbien dans votre spectacle, quels messages spécifiques souhaitez-vous transmettre au public sur les relations amoureuses LGBTQ+ ? Parfois j’entends des gens me dire “je devrais être lesbienne, ça à l’air plus simple”. Si je ne tiens pas compte de la condescendance de cette phrase, je me marre. Je crois que l’amour, queer ou non, c’est le même. Que la vie de couple, ce qu’on se dit, ce qu’on se cache, ce qu’on refuse de voir, c’est globalement la même chose dans un couple queer ou non (en ne tenant pas compte là non plus de la masculinité toxique, de l’héritage pratriarcal, de la répartition des tâches…).
Le point de départ du spectacle, c’est une rupture. Un sujet plutôt universel, on s’est tous fait larguer une fois (sauf ceux qui ne se sont jamais fait larguer, et qui larguent les autres. On ne vous en veut plus). T.T.Q c’est universel. (…)
En tant que scénariste et comédienne lesbienne, quelles ont été vos principales influences artistiques ? Les Inconnus et Florence Foresti sont mes références absolues. J’aime aussi beaucoup le travail de Nora Hamzawi, Laura Domenge, Marion Mezadorian, Thaïs Vauquiez… Et dans un autre registre, Céline Sciamma.
Mes premières inspirations, ce sont mes amies. Je suis entourée de personnes extrêmement drôles, ça nourrit beaucoup mon imagination, et mon humour.
Je pense à ma meilleure amie. Elle à beaucoup d’ironie et de second degré. Rien n’est un problème puisque rien n’est sérieux. On est amies depuis qu’on a 10 ans. Là on vient de recevoir pour la première fois, sans qu’on ait rien demandé, nos relevés points retraites. Le coup de boost.
Je pense aussi à Sarah Treille Stefani, qui a créé le podcast Frootch, une fiction immersive hilarante, qui raconte les aventures d’une comédienne en galère. C’est drôle, et terriblement gênant. Je passe beaucoup de temps avec elle, elle est ma principale source d’inspiration.
La référence à Véronique Sanson dans le synopsis suggère une connexion avec la musique. Comment la musique contribue-t-elle à l’expression de l’histoire que vous racontez, aussi bien sur scène que dans le clip vidéo associé à l’occasion ? Je voulais que ce spectacle, même s’il est plutôt intime, ait des repères communs pour tout le monde. La rupture en est un. La musique aussi. Quand je parle de mon adolescence, moment de construction de l’image qu’on se fait d’une relation amoureuse, il y a un style de musique qui me revient en tête: les comédies musicales. Et je pense qu’on a été nombreux à être exposés à La peine maximum ou au temps des cathédrales. Qu’on aime ou pas ces chansons, elles correspondent à une période pour les gens de ma génération, où on porte un Eastpak et des TN, et des taches de blanco sur les mains. Dans mon adolescence, il y a une place qu’occupe Daniel Lévi.
Dans la période actuelle, c’est Véronique Sanson que j’écoute. Un jour je suis tombée sur Bahia, que je ne connaissais pas. Et je la chante dans ma salle de bain avec beaucoup de bonheur.
J’ai eu envie d’y faire référence dans T.T.Q. Je ne savais pas trop comment intégrer Véronique Sanson, et ma passion pour la musique. Et puis j’en discute avec mes amies, Sarah et Mou, chanteur et rappeur doux, qui vient de sortir son 3è album. Il me dit “tu voudrais pas qu’on fasse une chanson pour ton spectacle ?”
(…)
Sur Instagram : @margaux_revollet
TTQ : Trahie, Trompée, Quittée, à l’affiche tous les jeudis à 19h30, jusqu’au 25 janvier 2024, à la Comédie des 3 Bornes (Paris,11è).
L’intégralité de la rencontre avec Margaux Revollet est disponible dans le numéro 113 de Jeanne Magazine.
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