Rencontre avec Emilia Sullivan pour « Avec toi, loin de tout »

Dans Avec toi, loin de tout, Emilia Sullivan explore avec curiosité le thème de la croissance personnelle à travers son héroïne, entrelaçant subtilement amour et quête d’identité. En filigrane de ce récit captivant, qui nous mène d’un Saint-Tropez animé à la vie plus douce d’un petit village de campagne, l’autrice aspire à « refléter la diversité réelle de la société et des expériences humaines », empreinte d’une émotion sincère. Une lecture qui se dévore d’un souffle. Extrait de la rencontre publié dans le numéro 110 de Jeanne Magazine.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Me présenter… que dire, je ne suis pas très douée pour ça, mais je vais faire un effort pour vous ! J’ai 27 ans et je suis en couple depuis bientôt dix ans avec ma copine que j’ai rencontrée au lycée lors de nos études. J’ai suivi un parcours professionnel composé de CAP et de mention complémentaire autour de la cuisine et de la pâtisserie. Avec toi, loin de tout, est d’ailleurs le premier roman où je laisse une certaine place à la cuisine, j’espère que cela ravira le public ! En dehors de ça que puis-je dire d’autre ? J’adore les animaux à la folie et je vis actuellement avec quatre chats. J’ai toujours aimé écrire mais je n’avais jamais eu le courage d’aller au bout de mes histoires avant qu’une certaine personne n’entre dans ma vie et m’encourage à taper le point final de mon premier roman Apparences trompeuses. Il a fallu encore un bel encouragement pour que je propose mon manuscrit en maison d’édition et voilà ou j’en suis aujourd’hui. Je pourrais en dire davantage, mais je ne suis pas certaine que cela serait très intéressant ! [Rires].

Le contraste entre la vie animée de Saint-Tropez et celle, plus apaisée, d’un village de campagne, est frappant. Pourquoi avez-vous choisi le cadre géographique du roman pour servir de métaphore dans la transformation de votre héroïne ? Ce contraste permet de suivre le voyage intérieur de Chiara-Luna en parallèle avec son déplacement géographique. Tout comme ce qui l’entoure, elle va subir, lors de sa nouvelle vie à la campagne, des changements aussi émotionnels que psychologiques. Elle va redécouvrir ce paysage de son enfance et petit à petit se plonger dans ses souvenirs enfouis. La ville semblait lui réussir, mais qu’en était-il vraiment ? N’a-t-elle pas de regrets ? Malgré ses propres mots en début d’histoire, pensait-elle vraiment ce qu’elle disait ou pensait ? Ou alors s’en persuadait-elle par peur d’être rejetée par ceux qu’elle fréquentait ?
Dans cette optique-là, nous pourrions nous dire que Saint-Tropez pourrait représenter l’aspect superficiel ou externe de sa vie, tandis que le village de campagne pourrait symboliser son intériorité et sa recherche de sens plus profond.

Comment avez-vous exploré la dynamique entre la décision des parents de Chiara de l’envoyer dans le village de sa grand-mère, perçue comme contraignante en surface, et la perspective qu’elle puisse en fait refléter un acte profondément empreint d’amour parental ? Le désir des parents de Luna (désolée, elle préfère qu’on utilise ce diminutif, je ne veux pas m’attirer ses foudres…) est de lui offrir une expérience qui, bien qu’à première vue contraignante, s’avère être une occasion pour elle de se reconnecter avec ses racines. De trouver la tranquillité et de découvrir des aspects d’elle-même qu’elle n’aurait peut-être pas explorés autrement. C’est une manifestation de leur souhait de lui offrir un environnement différent, où elle peut se développer d’une manière qu’elle n’aurait pas pu faire dans son environnement habituel. (…)

Jesse est ouvertement lesbienne, tandis que l’orientation sexuelle de Chiara semble évoluer naturellement tout au long du récit. Pourquoi était-il essentiel pour vous d’aborder ce sujet sous un angle non problématique et évolutif ? Il y a plusieurs raisons. La littérature a le pouvoir de refléter la diversité réelle de la société et des expériences humaines. En abordant l’orientation sexuelle de mes personnages de manière authentique, je pouvais contribuer à représenter les différentes réalités et parcours que vivent les individus en matière d’identité et de sexualité. En traitant cela avec respect et compréhension, je souhaitais montrer que chaque individu a le droit d’explorer et de découvrir sa propre identité, quelle qu’elle soit. Étant donné que l’orientation sexuelle peut évoluer au fil du temps, cela reflète la complexité de l’expérience humaine et l’importance de respecter les différentes phases d’auto-découverte. (…)

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Avec toi, loin de tout d’Emilia Sullivan (Homoromance Editions)

L’intégralité de la rencontre est disponible dans le numéro 110 de Jeanne Magazine.