Avec Opération Mantis, Kadyan nous plonge dans une fiction climatique audacieuse, entremêlant habilement écologie et complotisme. Une histoire captivante qui nous tient en haleine de bout en bout, mettant en scène des héroïnes qui, chacune à sa manière, bravent les normes établies pour sauver notre monde en péril. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 109 de Jeanne Magazine.
Comment avez-vous eu l’idée d’écrire Opération Mantis et pourquoi avez-vous choisi de traiter le sujet du bouleversement climatique ? Depuis des années, je lis beaucoup d’articles sur le bouleversement climatique et c’est un sujet qui me tient à cœur. Personnellement, j’essaye d’avoir le moins d’impact environnemental possible dans ma vie de tous les jours. Quand je vois comment les gouvernements et les multinationales réagissent (ou plutôt ne réagissent pas), cela m’enrage. J’ai de plus en plus le sentiment que nous n’arriverons pas à redresser la barre et, qu’à terme, l’humanité est condamnée.
J’avais également envie d’évoquer la pandémie de Covid 19, dont les origines tiennent de la destruction des habitats naturels par l’homme, dans une démarche d’apprenti sorcier. Les solutions utilisées pour y faire face, en particulier les confinements successifs en France, m’ont énervée par leur inaptitude, sans compter que le recours à grande échelle à un vaccin de type ARN a suscité beaucoup de critiques sur son innocuité à long terme. Cela a suffi pour faire flamber mon imagination.
Comment avez-vous mené vos recherches pour écrire cette histoire ? Comme d’habitude, je m’appuie sur mes lectures et sur des recherches multiples, sur internet, y compris via des applications comme Google Earth… J’ai dû aussi me renseigner sur le fonctionnement de certaines administrations, des unités spéciales, de la police, de la gendarmerie, des ZAD… La création d’une ZAD à Coignières, dans les Yvelines, m’a paru intéressante à cause de la proximité de Paris (environ 50 km), mais aussi parce que je la situe en pleine zone commerciale dont une partie serait tombée en décrépitude. Souvent les ZAD s’installent en milieu naturel, mais là, je désirais mettre les zadistes dans un contexte plus urbain, au milieu de la population. Le site de Coignières est également, pour moi, le symbole de la consommation de masse et du grignotage urbain. Il s’agit en effet d’une succession de centres commerciaux, de concessionnaires automobiles, de fabricants et vendeurs de toutes sortes, le long d’une route nationale très passante et en parallèle de plusieurs voies ferrées. Bref, l’image d’un développement dévoyé et anarchique, absolument pas durable.
En tant qu’autrice écrivant des romans lesbiens, y a-t-il des défis spécifiques auxquels vous devez faire face ? J’avoue ne pas écrire des romans lesbiens, mais des romans avec un ou plusieurs thèmes dont un des fils est une romance lesbienne – et bien sûr des héroïnes qui se trouvent être lesbiennes, sans faire de leur identité sexuelle le cœur du récit. Ce qui m’importe est d’abord l’histoire que je veux raconter, le thème que je veux aborder. Il m’arrive parfois de devoir me forcer pour inclure une romance car le sujet pourrait s’en passer. Le défi que je rencontre souvent est de mettre une scène de sexe pour satisfaire les lectrices. Selon les thèmes et les époques, elles sont plus ou moins suggestives.
Chacune de vos héroïnes joue un rôle central dans l’histoire, avec ses propres compétences et motivations. Pouvez-vous nous parler du pouvoir de la sororité dans la lutte pour un avenir plus durable ? Au-delà de la sororité, c’est la notion d’entraide et d’égalité qui est importante dans ce roman, peu importe le genre des personnages. Pour moi, ce sont les compétences et les motivations altruistes du plus grand nombre qui permettront de s’affranchir du pouvoir tenu par quelques individus. Mes héroïnes sont des femmes fortes qui n’hésitent pas à se remettre en question, dont le but final est de sauver l’humanité par tous les moyens.
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Opération Mantis de Kadyan (Homoromance Editions)
L’intégralité de la rencontre avec Mady D. est disponible dans le numéro 108 de Jeanne Magazine.
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