Fort du succès rencontré lors de sa première édition en 2022 à Lyon, le Family Pride Festival est de retour à Paris, les 20 et 21 mai. L’événement, organisé par le Collectif Famille·s, a pour ambition de créer un espace festif de rencontres, de partages et de convivialité pour les familles LGBTQIA+ et leurs allié·e·s afin de célébrer les familles LGBTQIA+ dans leurs diversités. Rencontre avec les organisatrices. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 107 de Jeanne Magazine.
Pourriez-vous nous expliquer l’histoire du Collectif Famille·s et quelles sont ses principales missions en matière d’accompagnement des familles LGBTQ+ ? Lors de mon passage de vie de femme mariée à un homme depuis plus de 16 ans et maman de trois enfants, à une vie de femme lesbienne, maman de trois enfants, j’ai pu constater à quel point ce que je pensais être devenu un “non sujet”d’être LGBT+ en France était encore un sujet, et ce, dans toutes les dimensions de la vie : intimité, famille, travail, santé. J’ai également compris que le coming out, ce n’était pas une fois dans la vie, mais bien plusieurs fois par semaine.
Je me suis rendu compte du chemin parcouru par toutes ces familles, les réflexions, les choix qu’elles devaient faire. Ce sont des parcours inspirants, qui pourraient largement inspirer des parcours de familles hétérosexuelles (pourquoi faire famille, quand, comment…).
J’ai eu l’intuition qu’il était nécessaire de donner plus de visibilité à nos familles et qu’à travers la famille (à l’école, dans les entreprises…) nous pouvions continuer à investir le terrain et inviter chacun, comme le font déjà de nombreuses associations, à sortir de la présomption à l’hétérosexualité.
De tous ces constats est né en 2020 le Collectif Famille·s avec l’objectif et la mission première de connecter, soutenir, faire rayonner les familles LGBTQIA+ au cœur de la vie citoyenne dans les milieux éducatifs, professionnels et médico-sociaux.
Quels sont les objectifs que vous espérez atteindre grâce à la deuxième édition du Family Pride Festival que vous organisez les 20 et 21 mai prochains ? Le premier objectif est de proposer un espace (lieu et temps) où les familles dans leur diversité puissent se réunir et partager un moment convivial. Nous avons façonné les deux jours pour permettre aux parents de se rencontrer, de se relier dans ce qui leur est commun et de découvrir aussi ce qui est singulier dans chaque construction familiale.
Nous avons aussi fait en sorte que les enfants et les adolescents puissent avoir des espaces et des activités qui les rapprochent et qui leur permettent de se retrouver et de voir qu’ils ne sont pas seuls mais bien là, présents, nombreux.
Enfin nous souhaitons aussi que cet événement soit ouvert et permette à celles et ceux qui veulent se lancer dans un projet ou mieux comprendre la diversité des familles de se rencontrer et d’échanger.
Quels seront les temps forts du festival, qui se déroulera à Pantin cette année, entre festivités, militantisme et réflexion ? Le festival va justement mêler ces trois dimensions.
Conférences, ateliers, tables rondes, rencontres, spectacles et DJ Set animeront ces deux journées avec la participation de sociologues, avocat·e·s, psychologues, artistes, journalistes et de nombreuses associations partenaires.
Le programme est riche de conférences, ateliers et tables rondes qui vont réunir plus de 60 intervenant.es avec la participation de sociologues, avocat·e·s, psychologues, artistes, journalistes, et de nombreuses personnes qui chaque jour témoignent de leur parcours sur les réseaux sociaux.
Lieu d’échanges et de convivialité, le Family Pride Festival proposera également un large programme artistique et festif. Au programme : un marché d’exposant·e·s, des dédicaces et rencontre avec des auteur·rice·s comme Elise Goldfarb et Julia Layani, une tombola, des performances, un show de drag queens avec la participation d’une partie de l’équipe de Drag Race France, des DJ Sets en soirée…
Comment avez-vous sélectionné les intervenant·e·s pour les conférences et les tables rondes du Family Pride Festival ? Notre intention était de représenter le plus possible la diversité des familles. LGBTQIA+, monoparentalité, coparentalité, toutes les lettres et configurations sont représentées. Par ailleurs nous souhaitions mêler chercheurs et chercheuses, témoignants et témoignantes pour faire le lien entre réflexion, prise de hauteur et quotidien. Nous avions des idées fortes, des envies, que nous avons partagées. Puis nous avons tiré les fils des rencontres, qui nous ont menées à d’autres rencontres, des discussions qui sont devenues des thématiques.
Nous travaillons depuis septembre dernier (il aura donc fallu 9 mois, le temps d’une gestation) pour co-construire cette programmation avec toute cette belle toile. Cette programmation est riche de toutes ces rencontres et de cet élan de partager et de donner à voir une autre facette du mot famille.
Quelles sont les grandes thématiques que vous souhaitez aborder lors du Family Pride Festival ? Les 2 journées seront rythmées par de nombreuses conférences et tables rondes autour de 5 grandes thématiques :
- La famille, une fiction à réinventer, posant la question de ce que signifie « faire famille » aujourd’hui, de la représentation de ces familles dans l’espace public, culturel et numérique.
- Devenir parent & faire famille lorsqu’on est queer : panorama des possibles, les enjeux communs et singuliers dans la société d’aujourd’hui et les divers chemins pour devenir parents.
- Identités queer et identités de genre avec les notions de genre, sexualité et binarité à interroger.
Puis nous réfléchirons à la place pour nos familles dans le système scolaire et périscolaire et les organisations (entreprises, fonctions publiques, enseignement supérieur).
Le Family Pride Festival est aussi une occasion pour les enfants issus de familles LGBTparentales de se rencontrer et de prendre part à des activités qui leur sont dédiées. Que retenez-vous de ces échanges auxquels vous avez pu être témoin lors de la première édition et quel bilan en retirez-vous ? Je retiens tout d’abord tous ces sourires et la joie profonde que j’ai vu sur les visages des personnes, enfants comme adultes, présentes sur la première édition. Une énergie particulièrement puissante ressortait de ces deux jours passés ensemble.
J’ai aussi été frappée par des moments très forts lors des conférences. Une prise de conscience se faisait individuellement et collectivement : notre quotidien est politique. Chaque action, chaque parole posée auprès d’un enseignant ou une enseignante, chaque case barrée (père ou mère, alors qu’il n’y a pas de père ou pas de mère), chaque coming out, chaque demande de mutuelle en entreprise pour son compagnon ou sa compagne devient un acte politique. Des actes qui s’ajoutent aux actes des autres. Et cela prend tout son sens, nous contribuons chaque jour, ensemble, par nos actions, avec nos familles à faire bouger les lignes pour tendre vers un monde plus inclusif.
(…)
Si vous avez un projet et vous souhaitez le partager : contact@collectiffamilles.fr
L’intégralité de la rencontre avec le Collectif Famille·s est disponible dans le numéro 107 de Jeanne Magazine.
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