Jeanne, souviens-toi, dans l’épisode précédent des Initiatiques du Ghetto Gay, je te parlais du Lesbreak, ce festival organisé pour les filles qui aiment les filles, avec camping privatisé, soirées pyjama, et pool party (tu peux retrouver toutes les infos sur leur compte Instagram @lesbreak_bynoche). Aujourd’hui, je te présente l’une des co-organisatrices de ce week-end de folie, pour parler de son compte @goudoutimes. Autoproclamée « lesbienne la plus censurée d’Instagram », elle cherche tous les moyens de te faire rire du lesbianisme, en contournant les clichés ou en assénant des vérités dramatiquement drôles (un exemple parmi tant d’autres : « ce que je déteste en tant que lesbienne : les meufs hétéros qui me disent ‘’tombe pas amoureuse de moi hein !’’ »).
Alors, en attendant de la croiser au Lesbreak, tu peux toujours en apprendre un peu plus sur elle : c’est Iris, et ensemble, on a parlé culture lesbienne, dérives de l’influence, et aussi un peu du fait que je sois une vieille personne.

« La dignité, c’est la plus importante des valeurs »

Quand Iris me parle de sa famille, elle mentionne d’abord son frère, de qui elle est très proche, et puis ses parents, et Lyon, sa ville. Elle me dit qu’elle y a toujours vécu, qu’elle s’y sent chez elle, et qu’elle mène une scolarité classique et studieuse, toujours soutenue par son frère qui est la première personne au courant de tous ses projets. Et des projets, elle en a beaucoup, Iris, et on va en parler un peu plus tard dans ce portrait. Ce que tu dois savoir, c’est que c’est quelqu’un qui a l’âme vive, créative, et entrepreneuriale.
Le coming out d’Iris se fait comme j’ai l’impression que beaucoup de choses se font dans sa vie : naturellement, sans se poser de questions. Elle me parle en toute simplicité de ses 17 ans, de ses yeux qu’elle finit par sortir de ses bouquins de révisions pour se poser sur une fille. Et elle tombe amoureuse. Doucement, tranquillement, ce premier flirt se transforme en premier amour, et elle m’en parle avec un sourire aux lèvres en disant « Madame ». Tu l’auras compris, Iris et Madame ont transformé leur idylle lycéenne en relation de jeune adulte, et elles grandissent encore main dans la main. Je n’ose pas lui dire à quel point je trouve ça mignon, alors je te le dis à toi, Jeanne. Quand je demande à Iris si ça a été dur de se réaliser lesbienne, elle me répond un peu surprise qu’elle est juste tombée amoureuse d’une fille. Donc forcément, le lesbianisme, ça coulait de source. Elle me dit qu’elle n’a pas d’histoire d’annonce fracassante à me raconter, pas de famille qui s’énerve, pas de porte qui claque, et ça fait du bien, parfois, qu’il n’y ait pas d’histoire. Pas besoin de faire un coming out retentissant, tellement c’était naturel et évident, et elle ne s’encombre pas de ce qu’on peut penser de sa relation dans sa famille. D’ailleurs, elle me dit que si elle reste discrète vis-à-vis de son couple, ce n’est pas pour cacher son homosexualité, mais plutôt pour protéger sa vie privée, comme elle l’aurait fait si elle avait été hétéro. Je te l’avais dit, Jeanne, chez Iris, tout est naturellement simple.

« La loyauté envers ma communauté passe avant l’argent »

Alors, quand je lui demande ce qui a provoqué la création de son profil, ça ne t’étonnera pas qu’elle me réponde que c’est parce qu’elle en avait envie, tout simplement. Sur un coup de tête, sans même en parler à Madame, elle crée Goudou Times, sur Twitter et sur Instagram, avec toute l’impulsivité qui la caractérise. Elle me dit que le projet initial, c’était de créer une communauté avec des valeurs qui lui tiennent à cœur, de partager des idées, et de proposer du contenu humoristique. Si tu as l’habitude de lire mes chroniques des Initiatiques du Ghetto Gay, tu sais qu’Iris prêche une convaincue quand elle me dit que l’humour est la meilleure des armes face à l’ignorance et la bêtise homophobes; alors sur Goudou Times, on ne se prend pas la tête, et on rigole beaucoup. Ce qui me marque en discutant avec Iris, c’est son humilité, et la conscience qu’elle a de ne pas être la mieux placée pour parler éducation et prévention, car il y a plein de choses qu’elle ignore et que d’autres comptes en parlent bien mieux qu’elle ne le pourrait. Son atout, c’est son humour, et son authenticité aussi.
En parlant d’authenticité, c’est comme ça qu’Iris s’explique le succès rapide de Goudou Times. Alors qu’il a été créé il y a à peine un an, le compte gagne vite en visibilité, et les choses s’accélèrent : la communauté grandit, les projets se multiplient, et elle se retrouve à la tête de presque 5000 abonné.es au moment où j’écris ces lignes. Parmi ces abonné.es, forcément, on retrouve beaucoup de nos sœurs lesbiennes, mais pas uniquement, puisque Goudou Times se veut inclusif envers toutes les personnes s’identifiant de près ou de loin à la communauté queer ou alliée. Et encore une fois, c’est l’humilité et la simplicité qui priment : ce qui compte pour Iris, c’est le lien qu’elle entretient avec les personnes qui la suivent, les messages auxquels elle répond tous, l’écoute qu’elle offre à ses abonné.es, peu importe qu’iels soient des stars d’Instagram ou des anonymes. Plus on échange à propos de cet univers virtuel inondé de hashtags, plus je trouve le mot qui caractérise le plus Iris à mes yeux : elle est profondément humaine, dans tout ce que ce terme renferme de beau.

(…)

Par Bruna – @brunaavecunm / Goudou Times sur Instagram

L’intégralité de l’article est disponible dans le numéro 107 de Jeanne Magazine.

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