Vous habitez le sud de la France et vous cherchez des idées de sorties ? Et si vous regardiez du côté de l’association Les Culottées qui organise très régulièrement des rendez-vous culturels. L’occasion d’y faire de belles rencontres tout en découvrant le travail d’artistes lesbiennes. Marie, cofondatrice de l’association, nous en dit plus.
Depuis notre première rencontre fin 2020, quelques mois seulement après la création de votre association, de beaux projets ont vu le jour pour Les Culottées : grand rassemblement en Espagne, concerts et expositions, ouverture d’antennes dans le sud de la France… Pouvez-vous revenir sur l’engagement que vous portez et sur les retours des membres qui participent à vos événements ? L’association nationale Les Culottées a fêté le 7 juin 2022 ses deux ans ! Notre engagement n’a pas changé. L’association Les Culottées se revendique comme une association lesbienne et féministe progressiste, qui combat toutes les discriminations. Avec un objectif constant, celui de peser davantage dans l’espace public et auprès des institutions au profit de la visibilité lesbienne. Notre marraine est la réalisatrice Catherine Corsini, qui était aussi présidente de la Queer Palm à Cannes cette année.
Le succès de l’association est dû à la formidable capacité des lesbiennes à se retrouver dans une ambiance bienveillante. Il a longtemps été dit aux femmes qu’elles ne parvenaient pas à s’entendre. C’est évidemment totalement faux ! Il y a beaucoup de clichés sur la capacité des femmes à se retrouver et à bien s’entendre. Le voyage en Espagne que nous avons organisé lors du Pont de l’Ascension de juin 2022 aura été une incroyable expérience sororale et joyeuse qui sera désormais renouvelée chaque année. Une occasion unique de créer des liens avec des lesbiennes – adhérentes ou non – qui vivent dans des régions différentes et qui se rencontrent souvent pour la première fois.
Jusqu’à 2020, nous étions des militantes investies dans la communauté LGBTQIA+ et féministe. Les lesbiennes étaient souvent en arrière-plan des événements et, trop souvent, il fallait « négocier » pour leur offrir une visibilité légitime, y compris sur les affiches, les programmes, les messages, et plus généralement dans leur représentativité dans l’espace public ou au sein d’instances dirigeantes…
Tout cela devenait insupportable. Il est une chose commune aux hommes, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels, c’est qu’ils restent des hommes construits dans une logique de domination patriarcale. Ce n’est pas toujours conscient chez eux, et quand ça l’est, ils s’en fichent un peu. Il y a une tendance profonde et ancienne à la prédominance du genre masculin. Disons que la société s’est construite sous cette forme et aujourd’hui toutes les femmes doivent absolument œuvrer à inverser ces déséquilibres.
Vous souhaitiez pour la communauté lesbienne qu’elle “devienne puissante et un groupe d’influence important”. Comment la qualifieriez-vous aujourd’hui ? Nous nous réjouissons du succès de l’association et du climat enthousiaste qui y règne. Nous grandissons vite, et nous nous attachons à créer des ponts avec de nombreuses autres associations, afin que tout le monde gagne en visibilité. L’union fait la force et nous gagnerons ensemble !
Avec une antenne à Nice, puis à Bordeaux, à Barcelone et à Lyon, nous avançons grâce à une forte mobilisation des lesbiennes qui ont rejoint l’aventure. Nous sommes plus de 150 adhérentes aujourd’hui. À Lyon, la nouvelle antenne sera inaugurée cet été 2022.
Nos satisfactions sont liées à cette formidable capacité des femmes à se retrouver et à partager de nombreux moments, autour d’un verre, d’une expo, d’un week-end, d’un festival ou d’un voyage. Nous redécouvrons aussi le plaisir d’échanger et de rire entre lesbiennes, autour d’événements non mixtes tout simplement.
Les projets de l’association restent axés sur la visibilité des lesbiennes et féministes à travers la culture, l’art et la convivialité. Les évènements s’organisent au gré des opportunités et des calendriers. Ils se décident quelques semaines avant et sont parfois discutés plusieurs mois en amont, ou proposés par des adhérentes.
À Bordeaux, nous avons été rapidement soutenues par la Ville et le Girofard (Centre LGBTQIA+). Ce n’est pas le cas dans toutes les villes. Nous avons obtenu des subventions pour l’organisation d’une table ronde sur les mécanismes d’invisibilisation des mémoires et archives lesbiennes, et les manières de rendre notre histoire visible. Elle s’est déroulée le 9 juin dernier en partenariat avec le Girofard. Nous avons eu l’immense plaisir d’accueillir Suzette Robichon, Marion Cazaux, Isabelle Sentis (Salem Delalangueardente) et Oristelle Bonis des éditions iXe. Il y avait beaucoup de monde. Lorsque nous recevons des soutiens financiers associés à des partenariats, c’est toujours plus ambitieux.
Bordeaux a une volonté réjouissante à rendre visible des associations lesbiennes et GBTQIA+, et nous remercions l’équipe municipale pour son engagement à nos côtés. Nous étions aussi présentes à l’inauguration de passages piétons arc-en-ciel il y a quelques semaines.
Si beaucoup n’évaluent pas bien le poids que nous représentons, nous ferons basculer la balance par notre force et notre travail. Les lignes vont encore clairement bouger.
Vous souhaitez également développer des partenariats avec d’autres associations lesbiennes ici, en France et aussi à l’étranger. En quoi pensez-vous que ces collaborations associatives et militantes sont une aide à la visibilisation de la communauté lesbienne ? Depuis la création de l’association en juin 2020, nous avons rencontré plusieurs associations LGBT+ en France et en Europe. Nous soutenons et participons à différents projets interassociatifs : militants, artistiques, spectacles, cinéma…
Les partenariats nous permettent à toustes d’être visibles.
Par exemple, SOS homophobie est une association où les femmes sont fortement représentées. C’est aussi pour ça que nous aimons travailler avec ielles ou encore leur commission des femmes par l’intermédiaire d’une adhérente qui est aussi membre de SOS homophobie. Nous sommes très sollicitées pour créer des ponts entre diverses associations lesbiennes et féministes et le temps nous manque parfois. Nous aimerions en faire davantage. Aujourd’hui, nous serions ravies d’accueillir des bénévoles pour répondre à toutes ces demandes. S’il y a des candidates, elles seront accueillies avec joie. Cet été nous allons inaugurer l’antenne de Lyon, et prendre des contacts dans cette ville. Nous allons consacrer du temps au bon démarrage de la nouvelle antenne lyonnaise et aussi profiter de quelques moments autour d’un verre avec nos adhérentes.
Photo à gauche : Marie (présidente) et Catherine (trésorière) cofondatrice et épouses Juin 2022
Photo en haut à droite : Catherine Corsini, marraine de l’association, et Catherine cofondatrice association Les Culottées à Cannes en mai 2022.
Photo en bas à droite : top départ Pride de Bordeaux 12 juin 2022
Soutenir les initiatives lesbiennes, c’est soutenir notre visibilité, notre existence. En rejoignant Jeanne, vous appartenez à une communauté qui fait bouger les lignes.
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