Cela fait maintenant 4 ans que l’Observatoire de la lesbophobie recueille les témoignages des violences verbales subies par les lesbiennes. Lancé sur les réseaux sociaux sous le hashtag PayeTaGouine, aujourd’hui le projet évolue et devient un site de documentation et de ressources en ligne avec l’objectif de sensibiliser la société et les pouvoirs publics sur la lesbophobie. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 94 de Jeanne Magazine.

L’Observatoire de la lesbophobie fait suite à votre projet Paye Ta Gouine lancé en 2018. Pouvez-vous revenir sur les objectifs et sur les motivations de ce changement ? Paye Ta Gouine s’inscrivait dans le mouvement de libération de la parole sur les violences faites aux femmes, et notre objectif était de relayer la parole des lesbiennes sur la lesbophobie vécue au quotidien. Le recueil et la publication de témoignages en ligne était le point de départ d’un projet plus large visant à mettre en lumière la lesbophobie en tant qu’expérience sociale commune. Avec l’Observatoire nous souhaitons enrichir ces témoignages par un ensemble de ressources (culturelles, universitaires, associatives et institutionnelles) sur la lesbophobie et les parcours lesbiens. Notre site internet a donc été pensé comme un espace de documentation et de ressources en ligne où chacun·e pourra trouver des références sur le sujet. Et comme un espace d’information et de sensibilisation destinées aux pouvoirs publics et à l’ensemble de la société. 

Gouinasses, “sale gouine”, “c’est dégueulasse”… On se rend compte, à travers les posts que vous publiez sur Instagram, que les clichés lesbiens sont encore bien présents dans la société et empreints d’une vulgarité crasse. Comment l’expliquez-vous ? L’ensemble des témoignages que nous recueillons et publions retranscrivent une réalité quotidienne partagée par les lesbiennes et dont la manifestation principale est la violence verbale. Celle-ci s’exprime de différentes manières : insultes, remarques, questions intrusives… Les insultes, «sale gouine» ou «gouinasses», réduisent les lesbiennes à une figure repoussoir stigmatisée et bien souvent les remarques se fondent sur un jugement dévalorisant comme le dégoût ou sur une hypersexualisation. La vulgarité n’est qu’un moyen de plus pour inférioriser et stigmatiser les lesbiennes. Ce droit de regard permanent les déshumanise et les réduit à un état d’objet. Les clichés comme les différentes formes de violence verbale représentent autant de rappels à l’ordre hétérosexistes qui participent à l’invisibilisation des lesbiennes.

La visibilité lesbienne est au cœur de votre projet. Comment qualifieriez-vous l’évolution de cette visibilité depuis que vous avez démarré ce recensement ? L’idée d’un recensement des différentes ressources nous est apparue indispensable pour mettre au centre de notre projet la visibilité des lesbiennes. Ces ressources témoignent d’une visibilité plutôt récente mais elle reste tout de même minoritaire. Les ressources exclusivement lesbiennes sont mêmes plutôt rares et disparates. C’est pourquoi nous avons eu à cœur de mutualiser l’ensemble des données sur le sujet sur notre site internet. 

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https://www.observatoiredelalesbophobie.org/

L’intégralité de la rencontre avec est à découvrir dans le numéro 94 de Jeanne Magazine.

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