lnspirées par les yeux et les corps de Sarah Moon, de Claude Cahun et de Marcel Moore et par les mots de Monique Wittig, de Virginie Despentes, de Mahmoud Darwich et d’Audre Lorde, Alex Lacroix et Elisa Bernard du duo Namoro s’apprêtent à sortir leur premier album Cassia Popée le 26 février prochain avec Atypeek Music. Les « deux femmes qui s’aiment et qui chantent » ont répondu aux questions de Jeanne Magazine. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 82 de Jeanne Magazine.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots et revenir sur la création de votre projet musical Namoro ? Namoro est née un dimanche il y a 4 ans. On chantait le dimanche parce qu’on avait une vie pas très remplie. On ne vivait pas notre meilleure vie et chanter ensemble nous faisait du bien. Puis petit à petit on a commencé à chanter les autres jours de la semaine ! La poésie est un noyau pour nous, Mascare écrit des poèmes que l’on met en musique. C’est quelque part renouer avec la tradition poétique chantée. Mais par ailleurs on vit avec notre temps donc cette poésie, ces textes qui transpirent nos combats actuels se chantent sur de la musique synthétique, Namoro oscille entre electro et pop.
D’ailleurs pourquoi avoir choisi comme nom de groupe Namoro ? C’est un mot portugais qui parle d’amour. Namoro désigne un amour intense dont on sait aussi la fragilité. C’est parce qu’il sait qu’il est fragile qu’il est intense. On a découvert ce mot en lisant des lettres d’amour écrites par Pessoa. Parce que la poésie est au centre de notre projet musical on s’est dit que ce mot correspondait à notre démarche. On aime aussi que ce mot ne soit pas identifié, qu’il sonne comme un mystère, on y entend le mot amour et l’or. Et nous ce qu’on veut faire c’est de la poésie bling-bling ! Namoro c’est aussi un mot trivial qui peut se traduire par « sortir ensemble ». On aime que ce soit un mot autant pointu que banal. Ça nous ressemble.
Vous abordez très clairement le fait que vous êtes en couple et dès les débuts du groupe, vous expliquiez vouloir faire de la musique comme les Riot Grrrl. En quoi diriez-vous que cette envie de lutter contre le patriarcat et de visibiliser les amours entre femmes a-t-elle évolué au fil des ans ? Au début on se disait que comme les Riot Grrrl, on veut être un groupe que les enfants peuvent écouter et se dire, tiens ça existe deux personnes qui chantent ensemble et qui parlent d’amour et qui ne sont pas des représentantes de l’hétéropatriarcat. On visibilise d’autres réalités, après la musique n’est pas un instrument de lutte, la musique on la vit comme un mystère qu’on crée et qu’on partage.
Visibiliser votre amour, votre « Namoro », fait partie intégrante de votre imagerie scénique. En quoi cette visibilité vous a paru évidente et importante ? On se définit comme « deux femmes qui s’aiment et qui chantent » (c’est un hommage à Barbara qui se définissait comme était « une femme qui chante. ») depuis le début parce qu’il nous a toujours paru important de visibiliser notre amour non pas comme un modèle ou une icône, mais plutôt comme un réconfort et un appel aux autres, un point de départ, on chante depuis cet endroit. Un soir, après un concert, nous écoutions les autres artistes main dans la main et de jeunes lesbiennes sont venues nous voir en nous disant « Mais vous êtes vraiment ensemble c’est super ».
Le 26 février prochain sortira Cassia Popée. Dans cet album on découvre le titre Les Guérillères, qui inévitablement fait penser à Monique Wittig. Pouvez-vous revenir sur l’importance de la poésie et de ces figures lesbiennes dans votre art ? L’album s’appelle Cassia Popée et désigne une créature qui est autant la muse de ce projet que la destinataire. Sur la pochette on tend un bouquet de fleurs, c’est à Cassia Popée qu’on l’offre. Cette créature sera visible bientôt, on aime à dire que Cassia Popée existe depuis toujours, mais qu’elle ne se montrera qu’à partir du 26 février 2021. On retrouve les noms Cassia et Popée dans Les Guérillères de Wittig. Ce sont des guérillères. (…)
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Retrouvez l’intégralité de cette rencontre dans le numéro #82 de Jeanne Magazine.
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