Mardi 9 juin, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé Olivier Véran a déclaré souhaiter que la loi ouvrant la PMA à toutes les femmes puisse être votée en juillet : « Aussitôt que les conditions seront réunies qui nous permettront d’examiner ce texte, comptez sur moi pour accompagner toute démarche – c’est le président de la République qui en décide – de mise à l’agenda parlementaire du texte pour une deuxième lecture rapidement (…) Est-ce que ce sera en juillet ? Je l’espère, je le souhaite. Est-ce que ce sera à la rentrée de septembre ? Si nous n’arrivons pas à le faire en juillet. (…) Je souhaite que nous puissions faire examiner et aboutir ce texte pour ouvrir des nouveaux droits d’ici à la fin de l’année« . Même scénario du côté de la ministre de la justice Nicole Belloubet qui avait déclaré vendredi 12 juin sur Franceinfo : « J’espère que l’examen » de la loi sur la PMA pour toutes les femmes pourra reprendre « au mois de juillet« , pour une adoption cette année, avant d’ajouter que cette loi « reste une priorité du quinquennat parce que c’était vraiment une promesse forte du président, portée par le gouvernement.«
Et aujourd’hui, bonne nouvelle : selon le décret de convocation de la session extraordinaire paru ce matin au Journal officiel, le projet de loi bioéthique, ouvrant la PMA à toutes les femmes, sera examiné en 2è lecture à l’Assemblée nationale en juillet.
En attendant, découvrez un extrait de notre rencontre avec Constance, la créatrice du podcast Les enfants vont bien. Mariée à Aude, depuis le 24 août 2013, « au plus tôt après le vote de la loi, pour protéger notre famille« , Constance, 38 ans, est maman de 4 enfants, Juliette, 7 ans et les triplées Apolline, Camille et Emma, 5 ans. En janvier 2020, elle a créé Les enfants vont bien, un podcast dans lequel elle donne la parole aux familles homoparentales, monoparentales ou encore adoptantes qui reviennent sur leur parcours de PMA, de GPA, d’insémination artisanale, d’adoption et racontent leur quotidien. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de mai de Jeanne Magazine.
Vous êtes à l’origine du podcast Les enfants vont bien une émission qui raconte le parcours de familles homoparentales, monoparentales ou adoptantes. Pouvez-vous revenir sur la genèse et les motivations à l’origine de ce projet ? Je suis maman de 4 enfants dont des triplées. Dans la rue je suis madame tout le monde et on m’arrête très souvent du fait des triplées. Je n’ai jamais dû autant expliquer leur conception que depuis qu’elles sont là, et de fait, expliquer que la personne qui m’accompagne est ma femme et leur deuxième maman. Avant, nous passions inaperçues. Sur les réseaux, j’ai un compte Instagram au travers duquel j’essaye de donner de la visibilité à nos familles. Dans tous ces échanges, outre les personnes qui n’acceptent pas notre famille, j’ai surtout relevé que pour beaucoup, la loi de 2013 a clos le sujet de la filiation et que nos parcours (du combattant) étaient méconnus. Les débats reprenant avec le vote de la nouvelle loi bioéthique, j’ai souhaité donner de la visibilité à nos familles, afin que l’on ne pense pas à notre place et que l’image que nous renvoyons soit positive : nos enfants vont bien, aussi bien que n’importe quel autre enfant élevé dans une famille aimante ! Le format de notre parentalité est extraordinaire au sens littéral du terme mais bien d’autres schémas existent et sont tout autant méconnus, ce qui m’a amenée à ouvrir les témoignages. Enfin, j’en reviens à notre aventure vers la maternité. Nous ne sommes souvent pas accompagnées dans nos parcours et nous manquons de repères. L’idée était aussi de montrer à de nouvelles générations de futurs parents, que c’était possible et finalement pas si difficile que cela peut le paraître. Grâce aux témoignages entendus, les choix auxquels nous sommes confrontés peuvent être réfléchis en amont et surtout éclairés. (…)
Comment rencontrez-vous les familles qui documentent leur parcours et leur quotidien dans vos émissions ? La plupart des rencontres que je fais sont liées à mon compte Instagram @leschouquettesdebelleville. J’échange depuis un moment avec de nombreuses familles homoparentales, il y a une vraie relation de confiance qui s’est établie. Le fait que je sois maman lesbienne, m’aide beaucoup. Mon compte est positif. Je partage sincèrement, les retours sont sincères aussi. J’ai aussi envoyé des invitations à des familles bien plus visibles et plus connues, certaines ont cru de suite au projet et m’ont répondu par la positive. J’avoue toutefois que recueillir des témoignages de certaines formes de parentalités qui sont plus sensibles parce qu’encore peu ou pas acceptées en France est difficile. Je n’ai que peu de réponses positives. Je recherche aussi activement des témoignages d’enfants mais il ne faut pas se mentir, le boom de la PMA date d’une dizaine d’années, et les enfants issus de ce babyboom ne sont pas encore en âge de témoigner. Toutefois, je sais que nos familles existent depuis des décennies et je ne désespère pas de me faire connaître de ces enfants arc-en-ciel et de réussir à recueillir des témoignages. Enfin, mon cercle de proches est une très bonne source de témoignages. (…)
De la naissance de votre podcast à aujourd’hui, avez-vous découvert (ou votre avis a-t-il évolué sur) les différentes façons de faire famille ? J’ai effectivement découvert des formes de parentalités, et surtout des motivations de parentalités qui étaient propres à chaque famille. Notre but est commun, mais finalement aucun de nos parcours n’est similaire. Si 50% des mariages finissent en divorce, il serait temps de prendre en compte les nouveaux schémas familiaux qui représentent donc 50% des familles existantes. Mon avis a beaucoup évolué sur la question effectivement, car si certains choix ne me correspondaient pas, j’ai découvert et compris les motivations de chaque famille et nous avons même émis l’hypothèse avec ma femme que si nous avions connu certaines possibilités, nous y aurions eu recours. La FIV ROPA et le don semi-anonyme en font partie. Comme je me plais à le dire, chaque parcours est unique, il n’y a pas de standard, les choix sont propres à chacun. Le nôtre a été parfait parce qu’il correspondait à nos choix et à notre vision de notre famille. (…)
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Retrouvez l’intégralité de cette rencontre dans le numéro #75 de Jeanne Magazine.
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