Journaliste passionnée par la cuisine, Charlotte nous présente Queer Cook, des ateliers de découverte culinaire à destination des personnes LGBTQI+. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de novembre de Jeanne Magazine.
Vous avez récemment lancé les ateliers Queer Cook à destination des personnes LGBTQI+ qui lient découverte culinaire et festivités. Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse de ce projet et sur les motivations qui vous ont animée pour le mettre en place ? A la base ça commence par un contexte pas très cool. Il y a plusieurs mois je me suis retrouvée en arrêt maladie suite à un burn out, auquel s’est ajouté une rupture, et donc à une période d’isolement et de remise en question. C’était pas très rigolo donc il fallait que je trouve « le » truc qui me reboosterait. Cuisiner était le seul moment où je ne pensais à rien d’autre, excepté créer, tester, apprendre de nouvelles techniques… je me suis plongée dedans. J’ai commencé à organiser des dîners pour des ami.e.s, les retours étaient flatteurs, l’idée d’un atelier a commencé à faire son chemin. En tant que journaliste j’ai souvent été frustrée de ne pas avoir l’espace et la liberté de m’engager réellement, puis j’observais de loin l’engagement de certain.e.s de mes proches, ça m’a un peu réveillé, j’ai réalisé l’importance de s’impliquer au sein de la communauté LGBTQIA+. J’ai donc lancé le compte Instagram de Queer Cook, première fois que je m’affirmais publiquement en tant que personne Queer, avec fierté, et une volonté : offrir un moment de convivialité en espace safe.
Concrètement, comment se passe un atelier ? Déjà il y a deux types d’ateliers : La formule hebdomadaire à petit prix en petit comité, dans mes cuisines personnelles. Je reçois trois personnes, autour d’un produit ou d’une thématique, la participation est de 15 euros (essentiellement pour acheter les produits) on se retrouve le mardi à 19h, chaque personne a un poste de travail, et participe à la recette, j’essaie de guider sans mener, à la fin nous dégustons ensemble et il y a toujours un petit pot de quelque chose à ramener chez soi. La deuxième formule est mensuelle pour l’instant. Dans des cuisines pro je reçois 5 personnes pour l’initiation, on cuisine pendant au moins 1h 30, lors de la dégustation chaque personne accueille son +1, nous mangeons ensemble, le plat étant accompagné d’un verre de vin conseillé par mon amie oenologouine (qui ne fait appel qu’à des vigneronnes). Après la dégustation les portes du lieu sont ouvertes à tou.te.s pour un show différent à chaque fois (stand up, show de drag queen/king, concert…) l’entrée est payante pour assurer un minimum de revenus aux artistes.
Nous avons récemment rencontré Liz Alpern, fondatrice de Queer Soup Night, qui revenait sur le succès rencontré par ses soirées. Elle nous expliquait que les participants appréciaient avant tout la simplicité du concept, le partage des cultures et la découverte culinaire. Pensez- vous que Queer Cook repose également sur ces valeurs ? La simplicité c’est primordial ! Plus c’est complexe et plus c’est intimidant ! Dans mes ateliers chacun.e.s participent, il faut donc que tou.te.s se sentent à l’aise, l’idée est de faire simple mais bon, et de passer un bon moment. Ce que j’admire surtout dans le concept de Queer Soup Night c’est la visibilité offerte aux chef.fe.s LGBTQIA+. Il ne faut pas oublier qu’il y a encore beaucoup d’homophobie et de sexisme en cuisine ! On se souvient récemment des propos du chef Alléno qui disait « l’ADN des femmes c’est d’enfanter »… no comment. Il y a encore du chemin à faire, Queer Soup Night nous permet d’avancer un peu, mais il faut plus de projets de ce type.
Comment choisissez-vous les cuisines dans lesquelles vous dispensez l’atelier ainsi que les spectacles et représentations qui clôturent la séance ? Le prochain atelier aura lieu au « ICI BAR » dans le 4è à Paris. Je suis tombée dessus par hasard, une amie m’avait parlé de ce nouveau « bar de filles »… J’y suis allée un soir y boire un verre et j’ai vraiment flashé sur cette grande salle avec verrière et murs de pierres, plafond vouté, la cuisine ouverte sur la salle, un sous sol pour les dégustations, c’était parfait, j’en ai parlé avec Marion (la gérante) elle a aimé le projet et voilà… C’est une chance parce que ce n’est pas évident de trouver. Je m’adresse principalement à des lieux LGBT, mais tous n’ont pas de cuisine, tous n’ont pas la place… Si des lieux comme le Ici Bar veuillent nous accueillir je suis toute ouïe. (…)
Queer Cook, c’est aussi un podcast. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette partie du projet ? Ah c’est la partie du projet qui est encore en travaux… mais oui il va y avoir un podcast ! Je suis journaliste de base et faire cohabiter mes deux passions / savoir me semble assez naturel. Le podcast s’appelle donc « Queer à feu doux » (…)
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