Militante LGBTQ très active de la région canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador, Jessie Lawrence y a cofondé et dirige Ohana, un camp d’été pour les jeunes LGBTQ. Elle s’investit également pour mettre en lumière les problèmes que peut rencontrer la jeunesse francophone au sein de l’association Franco-jeunes dont elle est la vice-présidente. En somme, elle souhaite s’engager et s’investir pour créer un futur plus lumineux, une mission qu’elle nous détaille dans l’interview qui suit. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de mai de Jeanne Magazine.
A l’âge de 16 ans, vous vous êtes investie dans le militantisme LGBTQ auprès de l’association Egale. Qu’est-ce que ce premier pas vers le militantisme LGBTQ signifiait pour vous et que vous a-t-il appris ? (…) Avoir l’opportunité de travailler aux côtés de telles associations m’a donné le courage et la force de mener mon propre combat pour lutter contre l’homophobie. Après avoir découvert cette conférence, j’ai ressenti l’envie et le besoin d’apporter mon soutien et de dédier mon temps à la communauté à laquelle j’appartiens. Ces premiers pas dans le militantisme m’ont permis de constater combien chaque individu peut être impacté par les lois (ou l’absence de loi) en place et par le manque d’informations disponible dans certaines villes. J’ai appris beaucoup sur l’importance des histoires de chacun d’entre nous et combien le récit collectif de toutes nos expériences contribue à la communauté LGBT dans sa diversité.
Beaucoup de jeunes, à l’image d’Emma Gonzalez ou de Greta Thunberg par exemple, souhaitent vraiment faire bouger les lignes… Comment expliquez-vous que cette génération soit particulièrement active et militante ? Je pense que le moment d’agir est venu, le monde n’a plus à pousser les jeunes à s’investir, ni à leur donner une raison pour s’engager, devenir militants et défendre les causes qui leur tiennent à coeur. Les jeunes n’ont jamais vraiment été considérés comme des acteurs sérieux du changement, mais notre engagement est devenu une vraie nécessité car les adultes n’écoutent pas et agissent encore moins. Aujourd’hui, pour être honnête, être soutenu compte pour nous mais nous nous élèverons contre ce modèle de société. Nous nous battrons pour nos droits quoi qu’il en coûte et quel que soit le temps que cela prenne. Il n’est plus question de demander la permission pour cela ! (…)
En 2018 vous avez cocréé la première édition du Camp Ohana pour permettre aux jeunes LGBTQ de se rassembler et de partager leur expérience. Que retirez-vous de cette première édition ? La première édition de Camp Ohana a été absolument incroyable, au-delà de tout ce que j’avais imaginé. J’ai créé Camp Ohana pour que les jeunes de ma province puissent avoir accès à toutes les informations utiles, voire indispensables, que je n’avais pas trouvées lorsque j’ai fait mon coming out. Camp Ohana était un vrai challenge à organiser mais il regroupait toutes mes passions et je suis honorée d’avoir ainsi pu impacter à ce point ma communauté. Dès que j’ai commencé à concentrer mes efforts sur l’organisation de cette première édition, j’ai appris tellement sur ce que cela signifie que de servir sa communauté et je me suis rendu compte combien notre génération est puissante. (…)
Quel événement vous a, à titre personnel, marquée au point de vous investir dans la cause LGBT ? Plus j’en apprends sur les défis relevés par la communauté LGBTQ, plus j’ai envie d’être actrice de ce mouvement. Le premier atelier que j’ai fait en dehors de ma ville avait lieu dans une école où les violences physiques et verbales à l’encontre des étudiants LGBT étaient une chose commune. Les réactions que j’ai reçues de la part de ce groupe ont été bien plus positives que ce que j’avais imaginé. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que j’avais la possibilité et le pouvoir d’éduquer, d’informer pour avancer vers un monde plus tolérant. Je ne sais pas si mon travail de militante a démarré à ce moment précis mais cela fut clairement fondateur. (…)
Retrouvez l’intégralité de cette rencontre dans le numéro de mai de Jeanne Magazine. Parce que c’est un combat de tous les jours de faire exister durablement un magazine 100% lesbien et que seul votre soutien financier est décisif pour la pérennité de votre magazine 100% indépendant, nous vous invitons dès aujourd’hui à vous abonner, à acheter le magazine à l’unité, à précommander votre exemplaire papier du premier hors-série ou encore à vous faire plaisir dans la boutique de Jeanne !