Avec pour objectif de dénoncer les violations des droits humains à l’encontre des communautés les plus fragiles, l’association Witness Change, basée aux Etats-Unis, a lancé Where Love is Illegal. Un projet documentaire qui allie photos et témoignages pour partager les expériences des personnes LGBTI à travers le monde. William Lounsbury, en charge de la communication de l’association, nous présente les tenants et les aboutissants de cette inestimable initiative. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro d’avril de Jeanne Magazine.

Comment choisissez-vous les personnes qui participent au projet ? Cette campagne comprend deux types de contenu. Nous publions, d’une part, le contenu documenté et photographié par Robin Hammond et nos équipes dans leurs pays respectifs et d’autre part, les histoires que nous envoient les personnes qui apprennent l’existence de ce projet et qui souhaitent y prendre part. Pour les histoires que nous collectons lorsque nous nous rendons dans un pays en particulier, nous travaillons de paire avec les associations locales pour nous assurer que nous rencontrons des personnes aux parcours très différents de la communauté LGBTI+ locale et aussi que nous sommes en sécurité. La dernière chose que nous souhaitons est bien sûr de mettre qui que ce soit en danger donc la sécurité de la personne qui nous raconte son histoire est notre première préoccupation. Une fois cette sécurité établie, nous discutons beaucoup avec chaque personne pour s’assurer qu’elle ne partage que ce qu’elle a envie de partager et bien sûr nous ne lui disons pas quoi raconter ou de quelle manière le faire, c’est son histoire et sa manière de raconter son vécu. Pour ce qui est des personnes qui viennent à nous spontanément sur les réseaux sociaux pour partager leur expérience, nous ne faisons aucune sorte de sélection. Si vous souhaitez partager votre histoire alors nous serions heureux de la publier ! Une chose est primordiale à nos yeux, c’est que nous ne souhaitons forcer la main de personne. Il faut voir Where Love is Illegal comme une plateforme d’expression, une manière pour chacun de choisir la façon dont il souhaite être vu et entendu. (…)

Comment expliquez-vous que les images ont un tel pouvoir sur les gens et permettent souvent une ouverture d’esprit ? Il faut avoir conscience que peu de gens savent concrètement ce que peuvent vivre d’autres personnes ailleurs dans le monde. Si vous vivez à Paris, vous pouvez avoir conscience de la situation légale pour les personnes LGBT en Tunisie, par exemple, mais il est peu probable que vous ayez déjà entendue l’histoire concrète d’une personne qui vit dans le pays. Peut-être n’avez-vous jamais rencontré quelqu’un qui est ouvertement trans, mais en lisant l’histoire personnelle d’une personne trans par exemple, et en la voyant se présenter à vous telle qu’elle est, cela peut tous nous réunir. Ce partage de témoignages et de photos créé un lien qui permet une meilleure compréhension de nos vies ici et ailleurs pour chacun d’entre nous.

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Photos : Robin Hammond | whereloveisillegal.com

Aisha – Ouganda

“Je m’appelle Nakitende Aisha. Je sais que je suis lesbienne depuis l’âge de 13 ans. Les membres de ma famille ont été furieux lorsqu’ils ont découvert que j’aimais les femmes. Je n’étais pas la seule lesbienne de ma famille, ma tante l’était aussi. Notre famille nous a méprisées. Ils m’ont même promis qu’ils me tueraient. Ils n’arrivent plus à me regarder dans les yeux depuis qu’ils ont appris mon homosexualité. Ils sont allés jusqu’à demander aux villageois qui me croiseraient de me tuer s’ils me voyaient ! C’est pourquoi j’ai décidé de fuir loin. A cause de ces menaces de mort de la part de ma famille. Tous me cherchaient. Je me suis réfugiée au Kenya mais personne ne m’acceptent non plus ici. Les gens ne nous veulent pas dans leur quartier. Ils savent que je suis lesbienne et je ne me sens en sécurité nulle part.” Aisha – Ouganda

Retrouvez l’intégralité de cette rencontre dans le numéro d’avril de Jeanne MagazineEn vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !