Parmi les nouveaux médias qui fleurissent sur le net et abordent les thématiques queer, les podcasts et les newsletters, offrent une nouvelle voix aux lesbiennes. Des formats très appréciés de la nouvelle génération qui renouvellent les sujets et les écritures. Qu’ils abordent les questions d’actu en relayant la parole des associations et des militantes LGBT, ou qu’ils démontent les mythes, les théories et les stéréotypes sur notre communauté en invitant autrices, historiennes ou sociologues, ces nouveaux médias offrent également un regard affuté sur la culture lesbienne et permettent d’amplifier notre visibilité dans l’espace médiatique. Tous ces supports oeuvrent dans le même sens : Partager des informations et dépeindre ce que signifie être lesbienne aujourd’hui.
Zoom sur les nouveaux rendez-vous lesbiens avec les émissions de radio Gouinement Lundi et Hors Case, ainsi qu’avec les newsletters Lesbien Raisonnable et I Like That. Extrait de la rencontre avec Gouinement Lundi publiée dans le numéro de février de Jeanne Magazine.
Pouvez-vous vous présenter ? Comme un phare dans la nuit, Gouinement lundi est une émission de radio associative qui souhaite apporter lumière et espérance dans un espace médiatique mainstream qui ne donne pas assez à entendre les sujets, les enjeux, et les initiatives féministes et/ou portées par les lesbiennes, biEs et trans. A chacune de nos émissions, des expertEs, des militantEs, des chercheusEs, des représentantEs d’associations discutent de thématiques actuelles et passées : société, sport, culture, politique, fête, histoire, médias…. Ces échanges sont ponctués de reportages, d’interviews, de chroniques et d’une sélection musicale pointue. L’émission est diffusée chaque quatrième lundi du mois sur Fréquence Paris Plurielle (106.3 FM en Ile-de-France) et est disponible en réécoute sur toutes les plateformes de podcast. Portée par un collectif de personnes bénévoles, l’émission est par ailleurs construite de manière collaborative en non-mixité éditoriale, de la réalisation à l’animation de l’émission.
Comment est née l’émission Gouinement Lundi et pourquoi avoir choisi le format radio ? L’émission de radio est née de l’initiative de plusieurs associations : SOS Homophobie, Fières et l’Inter-LGBT. La volonté de ces trois associations était de faire entendre les sujets concernant les personnes lesbiennes, biEs et trans face au constat que ces sujets étaient souvent invisibilisés dans l’espace médiatique, mais également dans les associations militantes LGBT. Le choix de la radio est venu du fait qu’un créneau s’est libéré à la radio Fréquence Paris Plurielle, « la radio des sans voix » à Paris. L’émission a tout d’abord commencé en partenariat avec une émission LGBT sur cette même antenne, Homomicro, avant de s’installer pleinement comme Gouinement Lundi.
Quelle ligne éditoriale adoptez-vous pour l’émission ? La ligne éditoriale de notre émission reste fidèle depuis ses débuts à la volonté de donner à entendre des sujets féministes et dits LBT (lesbiens, biEs et trans) en invitant des personnes concernéEs sur ces sujets. L’équipe s’est beaucoup renouvelée à la rentrée 2016 et s’est émancipée des associations fondatrices. On peut dire que la ligne éditoriale a alors de fait un peu changé, car elle est devenue indépendante des agendas des associations ou de leurs chartes respectives. Le fond de cette ligne est resté le même – sujets féministes et LBT, portés par des invitéEs concernéEs, en non-mixité choisie – mais nous avons sûrement pris de plus en plus de liberté dans les sujets : passant de sujets très militants et « sérieux » (trans-identités, lesbophobie au travail, conditions des exiléEs LBT en France par exemple) à des sujets plus légers – comment draguer, les icônes gouines, le sport – qui nous apparaissent tout aussi importants à mettre en valeur. Nous avons aussi plusieurs fois consacré des émissions à des actualités festives ou culturelles – festivals féministes comme « Comme nous Brûlons », le Salon du livre Lesbien, une sex-party à la Mutinerie etc. Enfin, des chroniques se sont installées depuis cette rentrée 2016 : musicales, culturelles, cinéma, billets d’humeur, courrier du cœur…
Comment trouvez-vous l’équilibre de vos rubriques ? Nous avons longtemps travaillé sur l’équilibre général de l’émission comme objet radiophonique, plutôt qu’en termes d’« équilibre de chroniques ». Dans l’ensemble, nous essayons ainsi de privilégier des moments de discussions assez longs avec nos invitéEs, ponctué d’interviews, de reportages ou d’extraits sonores en lien avec le thème. Pour les rubriques, par exemple les chroniques, nous n’avons pas de profession de foi particulière : nous aimons à la fois accueillir chaque mois une même chronique, comme c’est le cas avec la chronique de l’Association des Journalistes LGBT (AJL), et avoir des chroniques plus ponctuelles, selon les envies et les disponibilités (courrier du coeur de Gouinette parle trop, billet d’humeur, chronique série etc.). (…)
Où situez-vous les besoins de vos auditrices ? Les sujets plus « société » semblent particulièrement appréciés (la drague, la culture et les icônes gouines), Les partages d’expérience, comme l’émission sur les coming out d’Océan et d’Elodie Font et l’émission sur la PMA, ont ainsi rencontré un écho particulièrement important. Dans l’ensemble, les audiences sont tout de même plutôt stables d’une émission à l’autre. Lorsque nous rencontrons certains auditeurices, beaucoup nous font part du plaisir d’avoir l’impression d’écouter « une bande de copines », d’avoir un rendez-vous régulier qui parlera, entre meufs, de sujets qui les concernent, qui leur parlent. C’est donc peut-être un besoin de communauté, mais aussi d’un espace safe notamment dans un espace médiatique souvent violent envers les meufs et les personnes LGBT.
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Retrouvez ce dossier en intégralité dans le numéro de février de Jeanne Magazine. En vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !