Aline et Cédric ont 25 ans, sont jumeaux et tous les deux homosexuels. Ayant beaucoup voyagé à travers le monde, ils ont eu l’envie de donner la parole aux personnes LGBT à travers l’Europe pour recueillir leur parcours et aborder de nombreux thèmes chers à la cause LGBT.  » Donner de la visibilité à la communauté  » telle est la volonté d’Aline et Cédric. A travers plus d’une dizaine de vidéos issues de ces rencontres, les jumeaux abordent ainsi les thèmes de l’homosexualité dans le sport, de l’intersexualité, du harcèlement, du coming out et bien plus encore, à retrouver sur la page Facebook du projet. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro d’octobre de Jeanne Magazine.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Nous sommes faux-jumeaux, nous avons 25 ans et sommes tous les deux homosexuels. Nous sommes nés en France mais sommes également espagnols. Nous avons grandi en France mais avons eu la chance d’étudier ensemble au Canada, en Chine, et puis séparément au Mexique et au Brésil. Après nos études, nous avons décidé qu’ensemble, on pourrait faire quelque chose qui nous tenait à coeur, en l’occurrence aider la communauté LGBT+ à être plus visible et mieux acceptée. Et puisqu’on parle quelques langues, on s’est dit que notre message pourrait toucher plus de monde.

Pouvez-vous nous parler de votre coming out respectif ? Comment avez-vous abordé la question l’un avec l’autre ?
Aline : Je n’avais jamais vraiment pensé au fait que je puisse être lesbienne. Certes je me suis toujours sentie différente de mes amies, les histoires de garçons ne m’intéressaient pas, mais pour autant je ne pensais pas avoir eu non plus particulièrement d’attraction pour les filles. Aujourd’hui et avec du recul on voit des indices et certaines choses font plus de sens mais sur le moment même je ne connaissais personne qui l’était et de ce fait je ne pouvais même pas imaginer l’être. J’ai fait mon coming out à 17 ans. Un jour ma maman parlait avec mon frère et soudain, les deux rigolaient en me demandant : « mais tu aimes les filles? ». Sans y réfléchir j’ai spontanément dit que oui, et les deux sont restés scotchés. Cédric avait des doutes me concernant et moi le concernant. Quand j’ai fait mon coming out je pensais que lui allait le faire également mais en réalité il l’a fait quelques mois plus tard quand nous étions à l’université.
Cédric : J’ai toujours su qu’on était « différents » depuis notre enfance, tant moi qu’elle, mais je n’y pensais pas plus que ça et ne pouvais pas l’expliquer. Curieusement, je le savais très bien pour elle, autant qu’elle le savait pour moi, sans même en avoir parlé ensemble. Pour ma part, étant enfant, j’étais tombé « amoureux » de certaines filles et jamais de garçons, même si il y avait quand même cette attirance « cachée ». Un jour lorsque j’avais 18 ans, avant de commencer l’université à Montréal, je parlais avec ma mère dans ma chambre. On parlait de relations amoureuses, de petites-amies etc. et je voyais sentir la question inévitable : « serais-tu gay ? » puisque je n’avais jamais eu de vraies relations sérieuses avec une fille. Je lui réponds donc que cette logique était absurde, et que je n’avais simplement pas encore trouvé la bonne personne. C’est alors qu’Aline entre dans la chambre, et immédiatement je lui demande si elle-même serait gay, pour montrer l’absurdité de cette logique, mais surtout pour éviter le sujet. De là, elle nous dit tout simplement qu’en effet elle l’était. En me regardant dans le blanc des yeux, elle me demande à mon tour si moi aussi je l’étais. Je ne me comprenais pas encore, je n’acceptais pas cette partie de ma personne, et donc immédiatement je lui ai dit qu’elle était seule dans la famille à être gay. Avec du recul, je comprends bien que je n’étais pas prêt du tout. Il m’aura fallu attendre un an après, après avoir vu la liberté qu’ont les LGBTs à Montréal d’être qui ils sont, pour faire mon coming out. (…)

Vous avez décidé de vous investir pour permettre de visibiliser la communauté LGBT au travers une série de vidéos. Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce projet ?
Aline : On a toujours été proches et le fait d’être tous les deux homosexuels nous a encore plus rapprochés. Du coup l’année dernière lorsque Cédric vivait à Toronto et moi à Paris il m’a appelée et m’a dit : « créons un projet ensemble pour donner de la visibilité à la communauté et ce à travers toute l’Europe. » Nous voyons souvent des thèmes LGBT+ dans les médias américains mais bizarrement beaucoup moins en Europe. Et comme nous parlons plusieurs langues on s’est dit :  » pourquoi ne pas aller à la rencontre des gens, les écouter et voir comment être LGBT+ se décline dans différents pays d’Europe.  » Le projet s’appelle PAINT (peinture) car on a voulu ajouter une touche divertissante en peignant les visages des gens, dans une des couleurs du drapeau LGBT. Pour nous c’est une façon de dire que nous avons tous une histoire et qu’ensemble on peut arriver à s’ouvrir, à avoir de l’empathie, de la sympathie et à s’enrichir de nos différences car c’est toute la beauté de l’expérience humaine. Ayons moins peur les uns des autres, sentons-nous plus concernés par ceux que nous ne connaissons pas et peut-être que nous deviendrons tous plus tolérants et aimants en tant que société.
Cédric : Après avoir terminé l’université, nous vivions dans deux pays différents et ne savions pas très bien ce que l’on voulait faire par la suite. Nous savions que nous voulions pas suivre le chemin traditionnel que la plupart des gens suivent après leurs études, et d’autre part nous ne savions pas quels métiers nous plaisaient réellement. Un jour, au téléphone, nous nous sommes rendu compte qu’on était tous deux dans la même situation, et il nous a paru évident qu’il fallait qu’on s’unisse pour travailler ensemble. Etant donné que nous sommes tous deux gays, nous nous sommes dit qu’ensemble on pourrait vraiment aider la communauté LGBT, et aider les personnes à être plus ouvertes d’esprits. Et comme nous vivions très bien notre homosexualité, chose qui semblerait peut-être compliquée pour des jumeaux, nous voulions servir d’exemple pour montrer qu’il n’y a pas de mal à s’aimer et être fier de qui on est.

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Retrouvez toutes les vidéos sur la page Facebook de PAINT

Retrouvez l’interview en intégralité dans le numéro d’octobre de Jeanne MagazineEn vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !

https://www.facebook.com/paintlgbt/videos/280091012612797/