Né de l’envie de deux comédiens improvisateurs professionnels, Tibo Astry, comédien lyonnais et David Sillet, comédien savoyard, le collectif d’improvisation théâtrale Corpus Bang Bang a pour vocation de réunir des comédiens professionnels et amateurs LGBT de Savoie, Haute-Savoie, Isère, Ain et Rhône, autour de la thématique LGBTQ. Rencontre avec les licornes comédiennes qui participeront le 23 novembre prochain à la 6è édition du festival “Impulsez !” de la Bulle Carrée de Toulouse avec leur spectacle L’Invitation. Extrait.

Comment est né le collectif Corpus Bang Bang ? Notre collectif est né en mai 2017. Il est parti d’un constat assez affligeant sur comment sont traités les thèmes de l’homosexualité, les couples homosexuels, la transidentité, etc. dans les spectacles d’improvisation. Notamment dans les matches d’improvisation théâtrale. Les personnages LGBT ne sont pas crédibles. On tombe rapidement dans la folle tordue pour jouer l’homosexuel ou la lesbienne chaudasse (fantasme hétérosexuel). Sans parler des approximations, des clichés éculés autour du couple LGBT. Le fameux mâle alpha actif qui domine son chéri folle tordue qui est, bien sûr, passif. Ou la fille féminine qui embrasse sa camionneuse de compagne qui doit avoir toutes les caractéristiques masculines. Il y a encore pire, les couples LGBT peuvent être vite joués pour passer au couple hétéro. Nous avons donc décidé de montrer respectueusement nos vies, nos amours, nos amitiés, dans ce qu’elles ont de particulières et d’universelles à la fois. Elles valent bien d’être au cœur des improvisations.

Avec pour envie de tordre le cou aux clichés sur les couples LGBT, le collectif s’est donné pour mission de visibiliser les causes qui vous touchent. Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont vous agissez pour montrer une facette plus réelle de ce que vit une personne LGBT aujourd’hui ? Ce collectif a pour but d’être militant par le vecteur artistique et culturel. On cherche à montrer notre réalité de vie, à la fois dans sa normalité et dans sa différence et se jouant des clichés. Dans notre spectacle L’Invitation, nous demandons au public de nous donner un secret qui sera révélé pendant le spectacle par un des comédiens. On nous a souvent demandé de jouer l’adoption, un coup de foudre, la maladie, la transidentité, ou le coming-out. (…)

Comment expliquez-vous que ces clichés soient véhiculés dans les spectacles et/ou séries encore aujourd’hui ? Par l’invisibilité des homos, des lesbiennes à la TV ou au cinéma. Quand ils ne sont pas invisibles, ils sont dans une problématique de quête d’identité, perturbés par leur homosexualité, la famille qui n’accepte pas. Les bi.s par exemple représentent dans 99% des cas le mal, la personne qui a fauté, ou qui est en plein trouble de personnalité. Et puis, l’homo est toujours représenté par la folle pour bien appuyer le trait. Regardons bien, pas un personnage principal de série grand public ou de film n’est LGBT, Out et bien dans ses baskets. Pas une commissaire de police lesbienne, pas d’agent secret gay, pas de juge trans, pas d’ange gardien intersexe. Même si cette situation s’est nettement améliorée. On ne peut pas dire que les couples homos, installés, avec des enfants et bien dans leurs baskets soient souvent sur les écrans. (…)

Quel est le retour des spectateurs et comment a été accueilli la création du collectif dans la région ? Même si le collectif est jeune, on peut dire que l’accueil est super positif. Quand on nous voit arriver sur scène pour les matchs d’impro, en tenue de baseball aux couleurs du rainbow flag et casquettes à cornes de licornes, le public ne reste pas de marbre ! On a eu des retours de personnes hétéros, qui sont ressorties de nos spectacles avec la sensation d’avoir appris quelque chose, avec de nouvelles informations dans leurs bagages, comme la difficulté pour des homosexuel(le)s d’adopter même avec le mariage pour tous. Ou bien des « merci de nous faire entrer dans votre univers, de nous faire connaitre un bout de vous ». (…)

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corpusbangbang.weebly.com

Retrouvez l’interview en intégralité dans le numéro de septembre de Jeanne MagazineEn vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !