Du 4 au 12 août, c’est à Paris qu’aura lieu la dixième édition des Gay Games. Ce grand rendez-vous sportif et festif, qui a lieu tous les 4 ans, vise à lutter contre les discriminations (LGBTI-phobie notamment) dans le milieu du sport. Trois organisatrices et/ou athlètes témoignent de ce qu’elles attendent de l’événement, alors que la participation féminine est traditionnellement plus faible. Rencontre avec Pascale Reinteau, co-présidente de l’association Paris 2018, Sarah Towsend, membre de l’équipe Arc’en’CEL et Chris Fanuel, volleyeuse et organisatrice de la soirée filles des Gay Games ! Extrait de l’article publié dans le numéro de février de Jeanne Magazine.

Pascale Reinteau, co-présidente de l’association Paris 2018

Pour vous, que représentent les Gay Games ? La particularité de cette grande rencontre c’est l’effet qu’elle semble avoir sur celles et ceux qui y participent. Certaines personnes racontent que ça a changé leur vie car il leur était enfin possible d’être elles ou eux-mêmes. Les gens viennent d’un peu partout dans le monde pour y participer y compris de pays où l’homosexualité et la transidentité sont punies de mort comme l’Ouganda ou l’Arabie Saoudite. Pour elles/eux, c’est quelque chose de fou, une expérience très forte. C’est d’ailleurs l’une des motivations de l’équipe organisatrice : offrir ce moment aux participant.e.s.

Paris 2018 a réuni autour d’elle des soutiens prestigieux : Pierre Bergé, Laura Flessel, Lilian Thuram. Qu’est-ce que cela vous apporte ? Ce sont des porte-paroles, des gens qui ont une audience par leur rayonnement dans le monde culturel, leurs résultats sportifs, leur engagement dans le milieu LGBTI. Ce qu’ils disent ont donc un impact beaucoup plus fort. Lilian Thuram le dit très bien : « J’ai grandi dans un milieu homophobe. » Mais il a changé, lu des livres, rencontré des gens. C’est bien mieux quand c’est lui qui l’explique. Et puis le soutien de personnalités politiques comme Marlène Schiappa, Anne Hidalgo ou Bertrand Delanoë nous donne de la crédibilité, c’est indispensable pour faire des Gay Games un événement reconnu en France.

Le mot-clef de cet événement c’est l’inclusion, quelle que soit l’orientation sexuelle, l’identité de genre, l’état de santé, la nationalité, la religion. Pourquoi est-ce si important ? Quand on a vécu une discrimination d’une manière ou d’une autre (l’homophobie par exemple), on est sensibilisé à ce phénomène. On a particulièrement envie de faire les choses ensemble, d’élargir notre vision. Il faut donc aussi penser aux réfugié.e.s, aux précaires, aux personnes handicapé.e.s, etc. Il faut demander l’égalité pour tout le monde, sinon ça n’est pas cohérent. Et pour cela, il faut créer les conditions de cette inclusion. Par exemple : faire des badges avec le bon prénom pour les personnes trans, mettre en place des toilettes non-genrées, veiller à ce que les locaux soient accessibles aux personnes en fauteuil, etc.

Ça passe aussi par l’ouverture de la compétition aux sportif/ives de tous niveaux… Tout à fait. L’objectif des Gay Games est de redonner au sport sa vocation de jeu. Il y a de la compétition entre les participant.e.s, bien sûr. Il y a aussi des athlètes de haut niveau (notamment en natation) et même des records du monde battus dans certaines catégories d’âge. Mais le but est surtout de donner le meilleur de soi-même. D’ailleurs, c’est ce que signifient les trois principes des Gay Games : participation, inclusion, dépassement de soi. La seule obligation pour s’inscrire, c’est d’avoir 18 ans. Et si on n’est vraiment pas sportif/ive, on peut aussi devenir « bénévole arc-en-ciel », c’est-à-dire s’occuper de l’organisation pendant les jeux. Nous avons besoin de 300 personnes en tout et nous n’avons pas encore atteint le compte. Si ça intéresse les lectrices de Jeanne Magazine, il leur suffit d’aller sur le site de Paris 2018 où un outil va bientôt être mis en place.

En plus des 150 compétitions (sur 36 disciplines différentes), il y aura aussi de nombreux événements culturels. Pourquoi allier ainsi sport et culture ? C’est une alliance que l’on trouve dès le départ dans l’olympisme, l’un est indissociable de l’autre et fait partie de la même démarche. Il y aura en fait quatre pôles : la mémoire avec notamment la Rainbow Run en hommage aux victimes du VIH ; le cinéma avec par exemple le festival de courts-métrages Bulle Productions ; les arts avec des expositions, ballet, concerts ; et des conférences sur des thèmes comme « Le sport, outil de lutte contre les discriminations ». L’objectif est de sortir de ces journées avec 18 suggestions d’évolutions pour le milieu du sport car nous voulons faire vraiment bouger les lignes. Et puis il y aura des soirées comme celle des filles à la Concrète, parce qu’on aime aussi faire la fête !

Le défi de l’édition de cette année, c’est la participation des femmes, continuellement sous-représentée. Comment l’expliquez-vous ? C’est une constante, effectivement. Il y a toujours une moyenne de 26-27 % de femmes aux Gay Games. Pourquoi ? Sincèrement, pour moi c’est un mystère car c’est le cas depuis les débuts de l’événement, en 1982. L’une des raisons souvent évoquée est le prix : 140€ pour une semaine, car les femmes sont moins bien payées que les hommes. Peut-être y a-t-il aussi le fait que les femmes sont moins présentes dans l’espace public en général, comme dans le milieu LGBTI en particulier. ? Pour le moment, le plus fort taux de femmes jamais atteint aux Gay Games est de 28 % et nous, nous voudrions arriver à 30 % au moins … Il faut donc qu’il y ait plus d’athlètes et de bénévoles féminines qui s’inscrivent, que nous occupions l’espace, que nous soyons présentes : venez !

paris2018.com

Retrouvez l’article en intégralité dans le numéro de février (n°49) de Jeanne MagazineN’oubliez pas qu’en vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer plus que 80 pages de contenu exclusif chaque mois !