« L’idée de créer KTM éditions est née en Australie, en 1993. On trouvait là-bas des romans lesbiens dans toutes les librairies, même dans les villes les plus perdues. Il n’existait rien de tel en France. Je me suis dit que ce serait bien d’avoir ça chez nous, mais personne n’écrivait ce genre d’histoire. » Isabelle Le Coz revient sur la création de sa maison d’édition qui fête ses 20 ans cette année et sur l’évolution de la littérature lesbienne. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de juillet de Jeanne Magazine.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, revenir sur votre parcours professionnel et sur la création de KTM éditions ? Je suis autodidacte en ce qui concerne l’édition et j’ai lancé KTM sans aucun contact dans le milieu LGBT. Le projet s’est écrit à sur une page blanche. J’ai fait des études de tourisme, de cinéma et de gestion, dirigé un hôtel, fait de la production auprès d’Agnès Varda, du montage sur un film produit par Luc Besson… Toutes ces expériences diverses m’ont servi, car lancer et gérer au quotidien une maison d’édition requiert des compétences très variées. Ma formation cinématographique m’a été très utile pour retravailler les textes, savoir raconter une histoire. L’idée de créer KTM éditions est née en Australie, en 1993. On trouvait là-bas des romans lesbiens dans toutes les librairies, même dans les villes les plus perdues. Il n’existait rien de tel en France. Je me suis dit que ce serait bien d’avoir ça chez nous, mais personne n’écrivait ce genre d’histoire. Je me suis informée sur le monde de l’édition, passée des annonces dans Lesbia Magazine et laissé des flyers à Cineffable. C’est ainsi que j’ai rencontré Cy Jung et publié son premier roman Once upon a Poulette, puis Cécile Bailly avec Malice. Les rencontres se sont enchaînées, peu à peu les auteures ont osé écrire des histoires lesbiennes puisqu’il existait des maisons d’éditions pour les publier.
Est-ce que ce choix a évolué au cours de ces 20 dernières années ? Recevez-vous plus de manuscrits aujourd’hui qu’il y a 20 ans ? La même équipe sélectionne les textes depuis le début, cela assure la cohérence du catalogue. On ne décide pas des manuscrits que l’on reçoit. On choisit parmi ceux que l’on nous envoie, ceux qui diffèrent de ce que nous avons déjà publié. Avec le temps, sous sommes de plus en plus exigeantes, d’autant qu’actuellement, tout le monde veut écrire. Il n’y a pas la pénurie d’auteure comme à nos débuts et l’on n’a plus besoin de passer d’annonces pour trouver les textes. (…)
Combien de romans avez-vous édités et quels sont ceux qui vous ont particulièrement marquée au cours de ces 20 ans ? Nous avons publié soixante-quatre livres dont soixante-deux romans parmi lesquels quarante et un romans francophones. Nous avons une auteure belge, une helvétique et une québécoise. Nous essayons de regarder au-delà de nos frontières et cherchons des textes qui permettent de découvrir le monde dans un contexte lesbien. Nos auteures nous ont entraînées au Japon, au Liban, en Namibie, en Guinée. (…)
Comment diriez-vous que la littérature lesbienne a évolué depuis 20 ans qu’existe KTM éditions ? La littérature lesbienne a évolué comme la société. Dans les années quatre-vingt-dix, il y avait un besoin de visibilité LGBT. La littérature lesbienne n’existait pas et les rares textes qui auraient pu être rangés dans cette catégorie ne s’en revendiquaient pas. C’est la collection Le rayon gay, dirigée par Guillaume Dustan aux éditions Balland qui a forcé les librairies à mettre en avant ce type de littérature. Nous avons surfé sur cette force de frappe, portée par une maison d’édition généraliste, pour nous glisser dans les librairies qui doucement ont créé des rayons de littérature LGBT. (…)
Quels nouveaux romans allez-vous publier prochainement ? À la rentrée nous devrions vous entraîner en Afghanistan, dans les pas d’une reporter et d’une médecin militaire, puis ce sera la suite de Ev Anckert, où vous retrouverez Ev et Isabelle trente ans plus tard. Ces deux romans reflètent bien la curiosité de notre catalogue, ancré dans le réel et la variété des univers lesbiens.
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Retrouvez l’article en intégralité dans le numéro de juillet de Jeanne Magazine. N’oubliez pas qu’en vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer plus que 80 pages de contenu exclusif chaque mois !