« Je suis juste une fille amoureuse des mots et de la musique, un peu bizarre parfois (souvent), qui se sert de tout ça pour essayer de créer un panel d’émotions, en faire des chansons et les partager » C’est par ces mots que Whisper se décrit. Il y a 2 ans, la jeune parolière, compositrice et interprète créait sa chaîne YouTube pour y publier ses reprises et premières compositions. C’est là qu’elle fut repérée par la maison de disques Warner, chez qui elle a signé. Aujourd’hui, Whisper nous présente son premier clip Filles et garçons pour lequel elle est revenue sur les bancs de l’école lorsqu’elle se questionnait encore sur son orientation sexuelle. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de juin de Jeanne Magazine.
Vous avez commencé en postant des vidéos de reprises sur votre chaîne YouTube et aujourd’hui, après avoir signé chez une maison de disques, vous sortez votre premier clip. Pouvez-vous revenir sur ces étapes clés de votre jeune carrière ? Au début, je n’étais pas du tout à l’aise avec l’idée de me filmer et surtout de poster une vidéo où l’on me verrait chanter sur Youtube. J’avais aux alentours de 15/16 ans, un réel manque de confiance en moi, et bien que j’en avais très envie, j’étais trop timide et réservée pour me décider à le faire. C’est ma copine et quelques amis proches qui m’ont très fortement encouragée à sauter le pas, c’était un sujet qui revenait souvent sur le tapis et au final, je crois qu’ils ont bien fait d’insister, parce que grâce à ça, j’ai pu gagner suffisamment de confiance en moi pour poster quelques compositions qui auront été par la suite écoutées et appréciées des gens qui me suivent, mais aussi de mon entourage professionnel actuel (entourage que je n’aurais probablement pas eu si j’avais choisi de garder mes chansons pour moi). Aujourd’hui, sortir une chanson comme Filles et garçons et avoir tourné le clip dans un endroit aussi marquant de ma vie, c’est vraiment quelque chose de fort et de symbolique aussi, parce que le thème que j’aborde est un sujet qui me faisait presque peur que je cherchais absolument à éviter à l’époque, alors en parler aujourd’hui ouvertement et qui plus est dans les mêmes lieux, je trouve ça dingue, c’est très émouvant pour moi.
Vous jouez de plusieurs instruments, vous composez et écrivez vous-même vos titres. Vous rappelez-vous du moment où vous vous êtes dit que vous aimeriez faire de la musique votre métier ? Bien sûr, je m’en souviens. En fait, j’ai toujours adoré et voulu ça, mais pendant longtemps, faire de la musique mon métier est resté une utopie. D’autant plus que je n’avais pas de guitare avant mes 14/15 ans alors j’écrivais simplement des poèmes et chantais les chansons de mes groupes préférés, jusqu’au moment où j’ai pu convaincre mes parents de m’acheter ma première guitare. (…)
Filles et garçons est votre premier clip et comme vous l’expliquez sur votre page Facebook, un titre qui vous tient beaucoup à cœur. Pouvez-vous revenir sur la genèse de cette chanson ? Oui, elle me tient beaucoup à cœur. Cette chanson je l’ai écrite alors que j’étais revenue dans ma région natale rendre visite à mes parents. Je dormais dans la chambre de ma nièce (qui était mon ancienne chambre) le temps de mon séjour et elle était remplie de princesses, de poupées, d’objets roses, violets, de licornes et de paillettes (choses que je détestais quand j’avais son âge, c’est à dire 6 ans). Et ça m’a fait beaucoup réfléchir et repenser à l’époque où j’avais son âge et d’à quel point j’étais en décalage par rapport à l’idée qu’on se fait d’une petite fille. En plus de ça, ma nièce me posait souvent cette question : « c’est qui ton amoureux ? » Alors quand j’ai essayé de lui expliquer que c’était « une amoureuse » et non pas « un amoureux », elle n’a pas du tout compris et elle n’y a pas cru tout de suite, ce qui est normal puisqu’elle n’a jamais eu connaissance de l’existence de l’homosexualité, exactement comme moi à son âge. Alors je me suis isolée avec ma guitare dans cette chambre rose bonbon et j’ai composé cette chanson d’une traite, à chaud, avec l’émotion du moment et en allant chercher des souvenirs enfouis moins loin que je ne le pensais.
Votre clip a été tourné dans votre école, cela vous a forcément plongée dans votre passé. Que diriez-vous à la jeune fille que vous étiez alors ? Ce que je lui dirais, c’est ce que j’aurais aimé entendre pour être rassurée, c’est à dire : « t’en fais pas, il n’y a rien d’anormal, t’es loin d’être la seule, n’y pense plus » tout simplement.
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Retrouvez la rencontre avec Whisper en intégralité dans le numéro de juin de Jeanne Magazine. N’oubliez pas qu’en vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer plus que 80 pages de contenu exclusif chaque mois !