L’Association Française des Avocats LGBT a été fondée le 25 janvier dernier à l’initiative de quatre avocats des Barreaux de Paris et Marseille, largement impliqués dans la vie associative LGBT. Pour en savoir plus, Jeanne Magazine a posé plusieurs questions à Emilie Duret, l’une des quatre avocats à l’origine de l’association. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de février de Jeanne Magazine.
Avec trois autres avocats, vous avez lancé récemment l’association Française des Avocats LGBT. Pouvez-vous revenir sur les éléments déclencheurs qui vous ont motivés à créer cette association, nouvelle en son genre ? Clélia Richard, Catherine Clavin, Florent Berdeaux et moi-même sommes impliqués dans la vie associative et faisons partie de la commission juridique de l’association APGL (Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens) depuis plusieurs années : nous avons eu envie de créer notre propre structure destinée aux avocat.e.s. Ce type d’association existe dans la plupart des barreaux des grandes villes à l’étranger mais pas en France : c’était l’occasion, et l’AFALGBT est née ! L’objectif de l’association est de porter la parole du Barreau français envers les confrères et consoeurs, les institutions ordinales, politiques, judiciaires et à l’égard des médias et des associations internationales de confrères. L’enthousiasme qu’a suscité l’annonce de la création et l’accueil chaleureux que nous avons reçu nous confortent dans l’idée qu’elle était nécessaire.
Il semble que les objectifs de l’association soient multiples comme on peut le lire sur votre site internet. Défendre, réfléchir, soutenir, faire entendre votre voix et prendre part à la communauté mondiale des avocats LGBT. Comment comptez-vous développer chaque axe et passer à l’action ? L’association vient d’être créée et nous avons déjà reçu de nombreuses demandes d’adhésions : nous allons dans un premier temps réunir l’ensemble des adhérents, leur proposer nos idées de premières actions et échanger avec nos confrères et consoeurs sur les perspectives à donner à l’association. En tout état de cause, nous commençons déjà à tisser des liens avec de possibles partenaires et à rencontrer les institutions de lutte contre les discriminations. L’une de nos premières missions sera de demander à être entendus dans le cadre de l’ouverture de la PMA pour toutes : nous pensons être particulièrement légitimes à faire part de nos réflexions sur les questions de filiation et entendons devenir un interlocuteur de référence sur toutes les questions relatives aux droits des personnes LGBT. Enfin, nous mettrons en place rapidement un dialogue avec les associations internationales afin de participer au réseau mondial d’avocat.e.s LGBT. (…)
Il existe une association similaire aux Etats-Unis, une autre en Grande Bretagne, mais finalement très peu en Europe. Etait-ce important pour vous de créer la première du genre ici en France ? Il était fondamental qu’une telle association existe en France, et à la fois incompréhensible qu’elle n’ait pas été créée auparavant. Cela est d’autant plus vrai que les débats entourant le vote de la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe ont été très éprouvants pour les personnes LGBT et que l’AFALGBT aurait eu toute sa place afin de faire entendre la voix des avocat.e.s LGBT. C’est chose faite et nous sommes ravis de pouvoir œuvrer tout particulièrement dans les mois à venir concernant l’ouverture de la PMA à toutes les femmes et les avancées indispensable à prévoir en matière de filiation.
Beaucoup de lectrices nous écrivent car elles se posent des questions d’ordre juridique concernant, par exemple, l’adoption de leur enfant ou le statut de la « mère sociale ». Comprenez-vous, qu’encore aujourd’hui, les étapes juridiques ne soient pas très claires ? Y aura-t-il une façon pour ces femmes de vous contacter pour avoir une réponse précise à leurs questions ? C’est tout à fait normal que vos lecteurs.rices se posent des questions d’ordre juridique car la situation est loin d’être simple – nous recevons d’ailleurs chaque jour dans nos cabinets ces personnes qui s’interrogent et que nous conseillons sur leurs droits et leurs possibilités. L’adoption de l’enfant du conjoint par exemple, qui constitue la situation la plus classique, conserve un certain nombre d’aléas qui n’ont pas encore été tranchés et qui diffèrent en fonction du Tribunal dont dépendent les familles. (…)
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Retrouvez l’interview en intégralité dans le numéro de février de Jeanne Magazine. N’oubliez pas qu’en vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer plus que 80 pages de contenu exclusif chaque mois !