Bouleversée par la souffrance des jeunes LGBT rejetés par leurs parents, Muriel Robin a accepté d’être la nouvelle marraine de l’association Le Refuge et l’ambassadrice de la campagne nationale hivernale d’appel aux dons. Pour Jeanne Magazine, la comédienne et humoriste nous parle de son engagement auprès de l’association, qui souhaite alerter les citoyens sur l’isolement dont souffrent les jeunes gens du fait de leur orientation sexuelle ou de genre. Elle revient également dans l’entretien qui suit sur l’homophobie qui s’est déchaînée lors des débats autour de la loi du mariage pour tous, sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes… avant d’aborder avec nous son envie de sensibiliser l’opinion sur la protection et la réhabilitation des animaux à travers la série de documentaires Sur la terre… Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de décembre de Jeanne Magazine.
Vous êtes aujourd’hui engagée auprès de l’association Le Refuge. Comment avez-vous connu cette association ? J’ai connu l’association alors que je jouais à Montpellier. J’ai voulu rencontrer les gens qui s’en occupaient et je suis donc allée les voir. J’ai vu ces enfants, qui avaient été livrés à eux-mêmes, certains d’entre eux avaient même dû arrêter leurs études, qui allaient être certainement brillantes, et qui se sont retrouvés sans rien. Je les trouve formidables ces gamins, ils m’intéressent et je me demande ce qu’ils vont faire dans la vie. Comment vont-ils faire pour avoir confiance en eux, et pour se dire qu’ils sont des gens bien ? L’orientation sexuelle ne définit pas la personne que l’on est et on est obligé de le rappeler aux parents qui l’oublient : un être c’est une âme, c’est un coeur, et s’il fallait choisir, moi je préfèrerais cinquante fois un enfant homosexuel avec un joli coeur, qu’un hétéro qui a envie de tuer tout le monde.
En tant que marraine de l’association, quel message souhaitez-vous faire passer en priorité ? Comme je l’ai écrit dans la phrase d’accroche de la campagne d’affichage du Refuge : « On ne choisit pas d’être différent ». Et, donc, j’essaie humblement de faire passer un message aux parents pour leur dire qu’ ils n’ont pas à ressentir de culpabilité, mais une responsabilité. C’est un mot que j’aime bien dans la vie. On est responsable de ses actes, donc, quand on fait un enfant, on en est responsable. Avec beaucoup d’amour, je voudrais surtout leur dire que l’enfant qui se retrouve avec cette différence ne l’a pas choisie. Cela me parait très important de le souligner : l’enfant ne choisit pas, c’est quelque chose qui lui tombe dessus, un élément parmi d’autres dans la vie qui fait que ça va être un peu moins facile. Cela peut être une période complexe lorsque l’on prend conscience de son homosexualité car l’on se dit que cela va être compliqué avec la famille, avec le travail, avec les amis et avec la société. Et c’est à ce moment bien précis qu’on a le plus besoin de ses parents et d’amour autour de soi. (…)
Que diriez-vous justement aux parents qui mettent leur enfant à la porte parce qu’il est homosexuel ? Encore une fois, qu’on ne choisit pas. C’est pour cela que je m’engage auprès de l’association, c’est ma façon de soutenir ces gamins qui ont été traités comme des moins que rien, et à qui on a dit : « T’es de la merde, t’es rien, tu n’es pas notre enfant ». A ces parents, je leur dirais : « Si, c’est votre enfant… C’est vous qui l’avez fait ! Et peut-être qu’il y a en vous, très très très au fond de vous, un problème avec l’homosexualité. » C’est toujours intéressant quand on est contre, de s’interroger sur les raisons et c’est ce que j’aimerais dire aux parents : « Vous êtes contre parce que probablement vos parents étaient contre et que c’était une autre époque etc. Mais est-ce que ce ne serait pas intéressant, que vous, aujourd’hui parent, vous vous donniez les moyens d’être pour ? ».
Continuez… Il ne faut pas qu’ils aient honte, ils se trompent de honte. Je leur dirais : « Peut-être que vous, parents, vous pourriez avoir un peu honte, mais vous avez le droit de faire machine arrière et de vous demander comment vous avez pu mettre votre enfant dehors. Si vous avec un peu honte de ça, ce serait normal et on ne vous en voudrait pas. Alors, s’il y a des parents qui me lisent, je leur expliquerais qu’ils ont le droit de faire marche arrière et surtout de s’interroger. »
(…)
Retrouvez l’interview de Muriel Robin en intégralité dans le numéro de décembre de Jeanne Magazine. N’oubliez pas qu’en vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !