Urgence Tchétchénie, l’association créée il y a quelques semaines pour aider les homosexuels tchétchènes qui cherchent à gagner la France, organise un concert ce soir au Palace à Paris, dans le but de lever des fonds pour venir en aide dont aux homosexuels persécutés dans le pays et pour « rompre l’invisibilité et pousser nos dirigeants à agir ». Parmi les artistes participant à ce concert, qui sera retransmis le 21 juin sur C Star, le parrain et la marraine de l’association Vincent Dedienne et Camille Cottin, accompagnés de Camille Chamoux, Alex Beaupain, Vincent Delerm, Jeanne Cherhal, Catherine et Liliane, Julie Zenatti, Christophe Willem, Philippe Besson, Elisa Tovati…
Rendez-vous au Palace le 19 Juin 2017 à 20h30.
Réservations : 01.48.74.03.65 / www.theatrelepalace.fr
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Suite aux persécutions dont sont victimes les homosexuels en Tchétchénie, Jeanne Magazine a posé quelques questions à l’association Russian LGBT Network, qui lutte depuis 11 ans pour soutenir les droits des personnes LGBT. Extrait de l’interview publiée dans le numéro de juin de Jeanne Magazine.
Rencontre avec l’association Russian LGBT Network
» Nous sommes en train de vivre un crime contre l’humanité. Il n’y a pas une seule personne LGBT qui soit en sécurité actuellement sur le sol tchétchène «
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris ce qu’il se passait en Tchétchénie ? Vers la fin du mois de mars, le président de notre association a reçu des messages sur les réseaux sociaux lui expliquant que les homosexuels de Tchétchénie étaient actuellement en train d’être persécutés et torturés. Ces messages étaient tous anonymes, mais ils étaient nombreux, donc nous avons décidé qu’il fallait que nous vérifiions ces informations avec les associations présentes sur place car Russian LGBT Network n’a pas d’antenne dans le Caucase-Nord ni d’affiliation avec la Tchétchénie, mais il fallait absolument que nous vérifiions la véracité de ces informations. Parallèlement, nous avons mis en place une hotline pour que les personnes LGBT sur place qui cherchaient de l’aide puissent nous contacter directement. Nous avons compris que ces persécutions étaient réelles et que les gays y étaient torturés et même assassinés. Nous avons découverts que cela avait même commencé deux mois auparavant. Fin mars nous étions certains que tout cela était malheureusement vrai et le 1er avril, un article publié dans le journal Novaïa Gazeta permettait que cela éclate au grand jour pour le reste du monde.
Savez-vous ce qu’il en est aujourd’hui pour ces hommes détenus dans des camps ? Je ne peux pas tout dire à ce sujet, mais je peux vous dire ce que nous faisons de notre côté pour permettre d’évacuer les personnes détenues. Plus d’une centaine de personnes nous a contactés pour qu’on puisse les aider à quitter la Tchétchénie et, à l’heure actuelle, nous avons réussi à évacuer une cinquantaine de ces personnes de Tchétchénie vers différentes régions de Russie. Aujourd’hui, nous essayons de trouver un moyen pour leur permettre de sortir de Russie, car ces personnes ne sont pas en sécurité en Russie.
Que pensez-vous de l’exposition médiatique qui a été faite à travers le monde, aussi bien politique que citoyenne ? Nous sommes très reconnaissants de l’exposition médiatique que cette information suscite, car il est évident que c’est uniquement la réaction internationale qui forcera les autorités russes à se pencher sur le problème. Car il faut savoir que leur première réaction a été de dire qu’il s’agissait d’une blague puisque l’information est sortie le 1er avril. Mais vu que le reste du monde a prêté attention à ce qu’il était en train de se produire en Tchétchénie et que cela prend de plus en plus de proportions, alors ils devaient réagir et répondre. La première fois que Vladimir Poutine a été obligé d’en parler, c’est suite à une question posée par un journaliste local qui souhaitait savoir ce qui était en train de se passer en Tchétchénie. Et cette question est uniquement due à la couverture médiatique internationale de cette affaire et aussi aux centaines de manifestations à travers le monde. Nous espérons que toute cette couverture médiatique forcera la Russie à lancer une investigation, c’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui ! Il faut dire qu’un comité d’investigation a été mis en place, mais plus le monde continuera de parler de cette affaire, plus l’investigation devra être fouillée, car nous souhaitons que les responsables derrière ces tortures et ces assassinats soient punis pour les crimes qu’ils ont commis et qu’ils commettent encore à l’heure où nous parlons.
Comment mettre fin à ces persécutions ? Il est indispensable de continuer à faire pression sur le gouvernement au niveau international, car ils seront obligés d’agir d’une manière ou d’une autre. Nous devons continuer également de nous préoccuper de savoir ce qu’il se passe en Tchétchénie, on ne doit pas lâcher la pression. Il faut savoir qu’on n’a aucun chiffre officiel à ce stade pour ce qui est des personnes torturées, persécutées ou même assassinées à ce jour, mais on sait avec assurance que nous parlons de plusieurs douzaines. Les autorités ne feront rien si elles n’y sont pas forcées. Notre responsabilité en tant que militants et en tant que citoyens tout simplement, c’est de ne pas fermer les yeux pour qu’enfin les responsables de ces crimes soient amenés devant les tribunaux internationaux. Nous sommes en train de vivre un crime contre l’humanité. Il n’y a pas une seule personne LGBT qui soit en sécurité actuellement sur le sol tchétchène.
Retrouvez l’interview de l’association Russian LGBT Network en intégralité dans le numéro de juin de Jeanne Magazine. N’oubliez pas qu’en soutenant Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !