Le 11 octobre 1987, 500 000 personnes manifestent pour l’égalité des droits et la reconnaissance de l’homosexualité lors de la seconde « Marche à Washington pour les droits des gays et lesbiennes ». L’année suivante, des milliers de gays et de lesbiennes ont publié leurs noms dans les journaux, pour faire avancer la cause homosexuelle et encourager les jeunes à vivre pleinement leur homosexualité, créant ainsi la première Journée du coming out, qui est depuis célébrée chaque année le 11 octobre.
« Un coming out n’est jamais évident, je pense que tous les homos du monde entier, de toutes cultures, de tous horizons, de tous niveaux sociaux ont peur de la même chose, d’être rejetés, que ce soit par sa famille, ses amis, ou la société. » Perrine a 31 ans et elle fait partie des lectrices de Jeanne Magazine qui partagent leur expérience en racontant le jour où elles sont sorties du placard dans le numéro de septembre de Jeanne Magazine. Soulagement, libération, deuxième naissance… elles se souviennent toutes du jour où elles ont révélé à leurs proches leur homosexualité ou bisexualité. Si vous n’avez pas encore sauté le pas, nous espérons que ces histoires vous aideront, si vous en avez bien sûr l’envie, à franchir cette étape si importante.
Suite à notre appel à témoins lancé sur Facebook, les lectrices de Jeanne Magazine partagent leur expérience en racontant le jour où elles sont sorties du placard.
« Un coming out n’est jamais évident, je pense que tous les homos du monde entier, de toutes cultures, de tous horizons, de tous niveaux sociaux ont peur de la même chose, d’être rejetés, que ce soit par sa famille, ses amis, la société. » Perrine a 31 ans et elle fait partie des lectrices de Jeanne Magazine qui reviennent sur le jour où elles ont fait leur coming out. Phanie a 40 ans et a beaucoup réfléchi avant de se lancer. Chloé, 19 ans a fait son coming out à ses parents par lettre, à ses amis au lycée dans une discussion, et en études supérieures pendant une soirée bien arrosée. Anouck, 27 ans a fait son coming out à 24 ans, après 10 ans de relation avec un homme. Pour Antônia, 34 ans, qui en a parlé à ses parents pour la première fois à 16 ans, quand elle a rencontré sa première copine, ça c’est « horriblement mal passé ». La jeune femme, qui a attendu plusieurs années avant d’avoir une nouvelle discussion avec mes parents, vient de réaliser ce qu’elle appelle « un second coming out ».
Nul doute que vous retrouverez dans ces 15 témoignages un peu de votre histoire personnelle, de notre histoire commune.
Extrait du témoignage d’Antônia, 34 ans.
Brésilienne, née à Rio de Janeiro, Antônia vit à La Haye, aux Pays-Bas, depuis neuf ans, où elle est conseillère en relations extérieures pour une organisation internationale. Elle a fait son son coming out auprès de ses parents pour la première fois à 16 ans, quand elle a rencontré sa première copine, et ça c’est « horriblement mal passé ». L’expérience de ce premier coming out a laissé Antônia très affectée pendant beaucoup d’années : « Je m’en suis remise petit à petit, avec le soutien surtout d’amis et de ma soeur, et je suis enfin en paix et heureuse dans ma personne et ma sexualité depuis environ deux ans ». Antônia s’est dit cette année qu’il fallait, « pour enfin en finir avec la culpabilité », en rediscuter avec ses parents. Ce qu’elle a fait une semaine avant de revenir sur son expérience dans Jeanne Magazine.
« Je n’ai pas vraiment fait mon coming out volontairement »
Je crois que j’ai été attirée par les filles alors que j’étais assez jeune. Je me souviens d’une petite fille en CP que j’aimais vraiment bien. J’étais jalouse quand elle s’intéressait aux garçons. J’ai su que j’étais lesbienne de manière consciente à 16 ans, quand je suis tombée amoureuse de ma première copine. Je n’ai pas vraiment fait mon coming out « volontairement », dans le sens où j’ai laissé un livre que je lisais et dans lequel ma copine m’avait écrit un mot assez clair sur la table dans le salon, chez mes parents. Je n’y avais pas vraiment réfléchi, mais avec le recul je me demande aussi si ça n’était pas un peu un acte manqué. Ma mère l’a ouvert et l’a lu quand je n’étais pas dans le salon. J’ai été « convoquée » quelques jours après par mes deux parents pour une conversation sur le sujet. (…)
« La réaction de mes parents m’a beaucoup affectée »
Comme ça n’a pas vraiment été une décision réfléchie, volontaire, pensée, j’ai eu surtout des peurs pendant et après. La réaction de mes parents m’a beaucoup affectée, m’a fait me sentir coupable de quelque chose de terrible, m’a salie. Ça a beaucoup joué sur la personne que je suis devenue après, surtout après ma rupture avec ma première copine, qui était un peu devenue la seule personne dans ma vie. (…)
« J’ai été acceptée à la fac que je voulais, et je suis partie en courant »
J’ai vécu encore 1 an et demi chez mes parents après ça, en Suède, jusqu’au Bac. Dans un climat de tranchées, avec beaucoup de silences, d’hostilité et de faux-semblants. Ils ont toujours refusé de rencontrer ma copine. Elle était responsable de tous les maux. Quand des mères d’élèves des petites classes dans notre lycée ont appelé anonymement nos parents pour se plaindre de notre comportement, considéré « choquant », alors qu’on se donnait la main et se faisait des bisous, ma mère a refait une crise et m’a dit que mon père allait être licencié à cause de moi. J’ai travaillé pour pouvoir obtenir un Bac avec mention Très Bien, pour pouvoir obtenir une bourse qui me permettrait d’aller étudier en France (mes parents m’avaient dit qu’ils ne me paieraient pas mes études si j’allais en France – ma copine était Française-). J’ai eu la mention, j’ai été acceptée à la fac que je voulais, et je suis partie en courant. (…)
« Ce second coming out, je l’ai fait pour moi »
Récemment, j’ai décidé, après ces deux dernières années où j’ai enfin réussi à être heureuse dans ma relation avec moi et avec qui je suis, d’avoir une nouvelle discussion avec mes parents. Comme un second coming out. Mais où je pourrais dire les choses posément, car je les ai réfléchies, dans le calme, la confiance, et avec pour seule ambition de dire qui je suis et de ne plus être dans la honte et la souillure. Je l’ai fait il y a une semaine, et ça m’a donné beaucoup de force, beaucoup de satisfaction. Ils m’ont entendue. On ne revient pas en arrière sur la violence du premier coming out, sur le mal que ça a fait. C’est là. Ça m’a construite. Mais je suis là et heureuse aujourd’hui. Ce second coming out, je l’ai fait pour moi. Mes parents n’ont rien dit de percutant. Ils ne se sont pas excusés. Mais je m’en contrefous. Je me sens soulagée, enfin libre. Leur emprise est finie. Je me sens propre. Ça a pris 18 ans.
Les conseils d’Antônia à nos lectrices qui désireraient sortir du placard
Ne jamais donner de la valeur à des réactions nourries d’intolérance et de peur. Prendre le temps de réfléchir à ce qu’on attend de ce coming out ; ça peut être une déclaration d’amour, une proclamation politique, ou une simple annonce ; ce n’est pas une autorisation pour être qui on est ; ça, on se doit de l’être, en toutes circonstances, avant (et parfois malgré) toute chose.
Retrouvez les 15 témoignages sur le coming out en intégralité dans le numéro de septembre de Jeanne Magazine : N’oubliez pas qu’en soutenant Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !