Vous avez répondu très nombreuses à l’appel de Jeanne et l’intérêt que vous portez au sujet nous amène naturellement à retrouver, sous les mots d’Adrienne Rich, lesbienne féministe américaine née dans l’entre deux guerres, ce qu’on nomme « la contrainte à l’hétérosexualité ». À la question : « la pression sociale a-t-elle joué un rôle » (dans le fait que vous ayez commencé votre vie amoureuse, affective et sexuelle auprès d’un homme), beaucoup d’entre vous ont soit botté en touche, soit trouvé une manière différente de ne PAS parler de contrainte. Certaines voulaient une vie « normale » après une enfance cabossée, d’autres ont évoqué le catholicisme ou les traditions, le poids du schéma familial (un papa, une maman) ou celui des regards, l’une a même évoqué la peur de décevoir… Aucune n’a voulu prendre la mesure, du moins sur le plan de la réflexion analytique, des prisons qu’un système hétéropatriarcal met en place pour y enfermer les femmes, toutes les femmes. Comment ? Par ce qu’Adrienne Rich nomme « l’occultation de la possibilité lesbienne » (laquelle d’entre nous a grandi avec des référents lesbiens… et épanouis ?), rendue possible via l’effacement historique ou le cantonnement du lesbianisme à la rubrique des maladies, ou comme fait exceptionnel plutôt qu’intrinsèque (ce que certains de vos ex-conjoints ont appelé « une passade »). De fait « l’amour hétérosexuel est représenté comme La Voie, et de l’aventure, et du devoir, et de l’épanouissement pour les femmes ; elles se sont pliées avec foi ou ambivalence aux exigences de l’institution mais leurs sentiments –et leur sensualité- n’ont été ni domestiqués ni bornés par elles. ». Ce texte est paru dans le premier numéro des Nouvelles Questions Féministes en… mars 1981. Près de 35 plus tard, vous êtes ces femmes et vous avez souhaité raconter votre parcours. Voici la première partie de vos témoignages, d’autres seront publiés le mois prochain… Merci à toutes. VéroAline
Extraits du dossier publié dans le numéro 24 et 25 de Jeanne Magazine
Brenda a 25 ans, elle vit en couple avec sa partenaire australienne, Janelle, et leurs deux amours, leurs chiens, en Australie, dans une ville près de Brisbane, dans le Queensland.
En quelques mots, pouvez-vous nous parler de votre ancienne vie avec un homme ? La relation était très différente. Je ne me souviens pas être aussi heureuse qu’à présent. Je n’étais pas « malheureuse » mais c’était très différent, je n’étais jamais vraiment heureuse et je ne me souviens pas ressentir un niveau de respect, d’amour et d’attention de leur part comparable à la manière dont Janelle me respecte, m’aime et me porte de l’attention. Janelle et moi sommes en couple depuis 5 ans et je l’aime de plus en plus chaque jour, tandis qu’avec les hommes, après quelques mois, je me lassais, ils m’agaçaient, je faisais tout pour refuser de passer du temps avec eux, tandis que j’ai beaucoup de mal à me séparer de Janelle, ne serait-ce que pour quelques jours pour un voyage d’affaire par exemple.
Votre attirance pour les femmes a-t-elle toujours été présente en vous ? Je pense que oui. Je me souviens, quand j’étais ado, regarder certaines femmes de la même manière dont je regardais les hommes. J’étais, cependant, plus attirée quand je pensais à être au lit avec une femme qu’avec un homme (c’était toujours un peu un fantasme à l’époque). De ce fait, je me suis toujours dit que mon âme sœur était quelque part dans ce monde, peu importe que ce soit un homme ou une femme (en croisant secrètement les doigts que ce soit une femme).
Pourquoi vous êtes-vous mise en couple avec un homme malgré votre attirance pour les femmes ? La pression sociale a-t-elle joué un rôle ? Je suppose que quand on est ado, on a malheureusement tendance à suivre le modèle établi par la société, de ce fait, mon esprit d’ado était concentré sur les hommes, et résultat, j’ai commencé à sortir avec des garçons et je pensais que j’étais heureuse. C’est seulement plus tard, après mes expériences, que je me suis rendu compte que, si j’avais le choix, j’aimerais essayer d’avoir une relation avec une femme.
Quel a été le déclic pour que vous sautiez le pas de vous mettre en couple avec une femme ? Rencontrer Janelle. Mon esprit et mon cœur étaient déjà prêts à rencontrer mon âme sœur, que ce soit un homme ou une femme et je me rappelle avoir pensé, quand je l’ai rencontrée pour la première fois, que c’était elle.
Retrouvez les témoignages en intégralité dans le numéro 24 et 25 de Jeanne Magazine : N’oubliez pas qu’en soutenant Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 60 pages de contenu exclusif chaque mois !
Bonjour,je me retrouve dans l’histoire de Brenda.
Emy