Adam.M, artiste féministe et Claire, co-fondatrice et responsable éditoriale bénévole de l’association Exit-des idées pour la suite, nous présentent 107 Lesbiennes, un projet éditorial qui donne la parole aux lesbiennes et participe à la lutte contre la lesbophobie. Extrait de l’interview publiée dans le numéro d’octobre de Jeanne Magazine.
Quel est l’objectif de « 107 Lesbiennes » ?
Adam.M : L’objectif de « 107 Lesbiennes » est de lutter contre la lesbophobie, en montrant une diversité de lesbiennes qui s’expriment chacune sur leur propre conception de la visibilité, leur propre vécu. En tant que lesbienne, on choisit ou non de se rendre visible, mais c’est une question qui se pose obligatoirement et à laquelle nous sommes obligé-e-s de répondre parce que nous ne sommes pas dans la norme hétérosexuelle (je mets des épicènes car il y a aussi des personnes trans qui se disent lesbiennes). (…)
Claire : La question de la visibilité des lesbiennes est étroitement liée à la lesbophobie : elle en est à la fois une cause et une conséquence. Parce que les lesbiennes sont quasi absentes de tous les champs sociaux (politiques, culturels et médiatiques), les stéréotypes qui engendrent les discriminations perdurent. Et parce que les discriminations perdurent, les lesbiennes se rendent peu visibles. Un des moyens de lutte contre la lesbophobie est donc de rendre visibles les lesbiennes et de leur donner la parole. C’est l’objet du projet « 107 Lesbiennes ».
Y a-t il une rencontre qui vous a particulièrement touchée ? Si oui, laquelle et pourquoi ?
Adam.M : J’ai rencontré et je rencontre encore de « vieilles » lesbiennes, comme Thérèse Clerc qui est plus connue pour son combat féministe pour les « vieux et les vieilles » que pour son lesbianisme, mais aussi d’autres lesbiennes moins connues, dans la soixantaine et plus. Je suis souvent très touché-e par ce qu’elles me racontent d’elles, de leur vie. C’est admirable de voir la façon dont elles ont réussi à vivre leur vie et leur sexualité à des époques où l’homosexualité était encore pénalisée. (…)
Comment expliquez-vous que les stéréotypes et l’invisibilité qui entourent les lesbiennes soient encore aujourd’hui si difficiles à combattre ?
Adam.M : Pour comprendre, il suffit de se poser les questions suivantes : où sont, qui sont les lesbiennes dans la sphère publique aujourd’hui en France ? Combien de femmes politiques, de journalistes, d’actrices, de chanteuses, etc., les personnes hors communauté LGBT sont-elles capables de nommer ? 2 ou 3 au mieux, souvent aucune, mais clairement très (trop) peu. On en revient à cette histoire de licornes. Pour la plupart des gens, les lesbiennes n’existent ni chez eux, ni au boulot, ni dans la presse, ni à la télé, nulle part. Le système fait tout pour les rendre invisibles. (…)
Claire : Le projet et les extraits diffusés sur Facebook nous ont fait comprendre que les stéréotypes sont bien ancrés, y compris dans les familles des lesbiennes. Après les premiers posts, des parents de lesbiennes ayant témoigné sont revenus vers leur fille en leur disant : « On a lu ton témoignage, on n’avait pas du tout compris ce que tu avais vécu ». L’invisibilité des lesbiennes est à contrer dans les sphères publiques et privées, dans un même élan.
Page Facebook Projet 107 lesbiennes
Retrouvez l’interview d’Adam.M et de Claire en intégralité dans le numéro d’octobre de Jeanne Magazine : N’oubliez pas qu’en soutenant Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !
Pour moi être lesbien, c’est vivre heureux, tout en oubliant les le sexe, les vicissitudes de la nature ou la condamnation de vie entre deux êtres de sexe opposé