Les sites américains AfterEllen, Autostraddle et The Seattle Lesbian sont devenus des références et des sources d’informations incontournables pour les lesbiennes du monde entier. Jeanne Magazine a interviewé les créatrices et rédactrices en chef de ces médias, qui s’efforcent jour après jour de répondre au mieux aux attentes d’un lectorat aussi vaste qu’exigeant. Rencontres croisées avec Trish Bendix, la rédactrice en chef d’AfterEllen à Los Angeles, Marie « Riese » Lyn Bernard, la créatrice du site internet Autostraddle à San Francisco et Sarah Toce, qui a fondé The Seattle Lesbian.
Ne vous contentez pas de ce court extrait en vous procurant le numéro de mars de Jeanne magazine, le seul moyen de soutenir votre magazine 100% lesbien.
Trish Bendix, rédactrice en chef d’AfterEllen
« AfterEllen est dans le paysage médiatique depuis si longtemps que nous sommes reconnus comme étant le site référence en matière d’informations lesbiennes, bies et queer. »
Après avoir constaté qu’il n’existait aucun site sur le divertissement lesbien et bisexuel, avec une perspective féministe, Sarah Warn a créé AfterEllen en 2002. Trish Bendix, la rédactrice en chef du site nous parle de ce média devenu une référence pour les lesbiennes du monde entier.
Quels sont les sujets qui passionnent le plus vos lectrices ? Nos lectrices apprécient tout particulièrement de savoir comment sont dépeints les personnages lesbiens et bies dans les médias et dans les divertissements. Elles aiment que l’on parle des séries télé et des films avec un ou plusieurs personnages lesbiens. Parallèlement à cela, elles souhaitent être tenues informées sur l’actualité nationale et internationale de nos célébrités lesbiennes, les actrices, les musiciennes, les auteures… Les récapitulatifs d’épisodes, les critiques et les interviews sur les séries phares comme Grey’s Anatomy et The Fosters, par exemple, plaisent aussi beaucoup.
Selon vous, quelle est la force d’AfterEllen ? AfterEllen est dans le paysage médiatique depuis si longtemps que nous sommes reconnus comme étant le site référence en matière d’informations lesbiennes, bies et queer. Notre équipe de rédaction est extrêmement variée : elle est composée de femmes de couleurs, d’âges et d’identités multiples. Certaines sont célibataires, d’autres sont mariées, ou encore mères de famille… Cette diversité nous assure de ne pas mettre en avant une seule « façon d’être lesbienne ». Nous sommes une communauté et nos lectrices en font partie, aussi bien sur le site que sur le forum. Forum d’ailleurs devenu très populaire sur lequel les femmes viennent pour un conseil, lier connaissance ou pourquoi pas trouver l’amour !
En France, de nombreux bars et clubs lesbiens ont fermé ces dernières années. Est-ce la même chose aux Etats-Unis et est-ce la raison pour laquelle vous avez créé LezBiBuy, qui répertorie les établissements lesbiens ? Exactement ! Les lieux lesbiens sont en voie d’extinction, ce qui est frustrant, mais ce qui est aussi en partie de notre faute. Les lesbiennes ont aujourd’hui tellement d’autres moyens pour se retrouver que d’aller dans un ou deux bars dédiés à la communauté. C’est une belle évolution que de pouvoir être soi-même dans des lieux non estampillés « gay et lesbien », mais au fil du temps, les lesbiennes ont arrêté de soutenir les établissements lesbiens. LezBiBuy est né de l’idée que si nous ne soutenons pas ces établissements, et bien ils fermeront. Ce sont « nos » endroits et nous devrions tout faire pour qu’ils perdurent, en particulier des endroits comme les librairies LGBT et féministes. Je ne sais pas pourquoi les endroits lesbiens ont soudain arrêté d’intéresser les lesbiennes, mais j’espère vraiment que cela peut et que cela va changer.
Marie « Riese » Lyn Bernard, créatrice d’Autostraddle
« Le sexe et les problèmes de couple sont définitivement les sujets préférés de nos lectrices. »
Marie « Riese » Lyn Bernard a crée Autostraddle avec Alex sa compagne de l’époque. Pour Jeanne Magazine, elle revient sur les caractéristiques de ce site internet et sur les A-Camp, des événements 100% filles dont la 6è édition aura lieu au printemps cette année.
Que pensez-vous de la visibilité lesbienne à la télévision aujourd’hui ? C’est dommage qu’aucune série depuis The L Word n’ait développé ce concept autour de l’homosexualité féminine. Certaines ont bien essayé mais ont dû être annulées, je pense notamment à Lip Service. Heureusement, la visibilité lesbienne en général s’est quand même améliorée par petite touche au cours de ces cinq dernières années, et nous vivons une période sans précédent en matière de diversité et de visibilité, grâce à des séries comme Pretty Little Liars, Orange is the New Black, Faking It, Glee, The Fosters, Lost Girls, Grey’s Anatomy et la liste est encore longue !
Quels sont les sujets qui passionnent le plus votre lectorat ? Le sexe et les problèmes de couple sont définitivement les sujets préférés de nos lectrices. Elles aiment également particulièrement les tribunes de nos essayistes, les conseils mode et tout ce que nous pouvons présenter sous forme de liste.
Parlez-nous de la 6è édition du A-Camp qui aura lieu en mai 2015… Ce sera un événement unique, loin de la ville, en pleine forêt à Angelus Oaks, à 2 heures de Los Angeles. Nous accueillerons les artistes queer que nous aimons afin qu’elles animent des ateliers, le tout avec des airs de vacances… Ce sera l’occasion d’assister à des sketchs hilarants, des performances musicales originales, de faire la fête et de profiter tout simplement de la présence de 300 femmes lesbiennes venues du monde entier. Les participantes seront là pour s’amuser, partager leurs expériences de vie, jouer à des jeux, prendre part à des ateliers manuels et beaucoup d’autres choses. Le meilleur moyen d’en savoir plus sur A-Camp est encore de lire les « recamps », les résumés de nos précédentes éditions, et de vous rendre sur le site A-Camp.
Sarah Toce, créatrice de The Seattle Lesbian
« La communauté LGBTQ est très éclectique ; le spectre des personnes qui la compose est très très large. »
Rencontre avec Sarah Toce, qui a créé avec sa femme Stephanie Brusig, et une amie, The Seattle Lesbian en octobre 2010. Un média 100% féminin et lesbien au sein de la communauté LGBT de Seattle.
L’année dernière, quelques célébrités ont fait leur coming out, à l’image d’Ellen Page. Pourquoi pensez-vous que faire son coming out soit aujourd’hui encore aussi difficile à Hollywood ? Hollywood est clairement dominé par les hommes. Une femme y est constamment scrutée pour son apparence, son âge et son orientation sexuelle. Il est déjà suffisamment difficile de faire son coming out auprès de sa famille et de ses amis, mais faire son coming out à Hollywood, c’est tout à fait autre chose, ça n’a rien d’évident du tout. Ceci dit, le plus il y aura de femmes et d’hommes qui y feront leur coming out, plus cela sera facile pour celles et ceux qui voudront le faire ensuite.
Au sein même de notre communauté, certains aspirent à la différence, et d’autres à l’indifférence, de quel côté penchez-vous ? La communauté LGBTQ est très éclectique ; le spectre des personnes qui la compose est très très large. Nos différences devraient être célébrées et admirées, et non pas vues d’un mauvais œil. Je pense que nous avons le droit de nous marier avec la personne que nous aimons et que nous avons également le droit d’adopter les enfants de notre partenaire.
Pour nos lectrices qui décideraient de partir en vacances à Seattle, quels sont les lieux que vous pourriez recommander ? Le seul bar lesbien de la ville s’appelle The Wildrose et il se trouve en plein cœur du quartier gay (Capitol Hill). Ceci dit, mes endroits préférés ne sont pas spécifiquement lesbiens, mais simplement des lieux dans lesquels j’adore aller manger ou me détendre. Je vous conseille Jamjuree sur la 15è Avenue (également un endroit très LGBT friendly) ainsi que Alki dans le West Seattle. A noter que beaucoup de lesbiennes vivent à West Seattle… il y a d’ailleurs un bar dans ce quartier, le Out West, que vos lectrices aimeraient probablement découvrir.
Ne vous contentez pas de ce court extrait en vous procurant le numéro de mars de Jeanne magazine, le seul moyen de soutenir votre magazine 100% lesbien.