Alliant militantisme et convivialité, une Vegan Place !, organisée par l’association L214 Éthique & Animaux, aura lieu samedi à Paris. Au programme : des dégustations 100% végétales, des stands d’associations et des vidéos.
En attendant, plongez-vous dans le dossier Vegan publié dans le numéro de janvier de Jeanne Magazine. A lire : l’interview de Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association L214 Ethique et Animaux, de Catherine Helayel, auteure de Yes vegan ! Un choix de vie et cofondatrice de l’association Animal, Justice et Droit, de Marie Laforêt, auteure de Vegan ainsi que de Céline, fondatrice de l’application Vege Tables. A lire également, vos témoignages recueillis suite à l’appel à témoins lancé sur la page facebook du magazine. Merci d’avoir été nombreuses à nous raconter vos parcours végétariens, végétaliens et vegans !
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Brigitte Gothière « Engagez-vous ! Exprimez-vous ! Osez dire que l’esclavage des animaux est à abolir »
Brigitte Gothière est cofondatrice de L214 Éthique & Animaux, une association de protection animale oeuvrant pour une pleine reconnaissance de la sensibilité des animaux. Entrer dans les élevages, suivre les animaux transportés, filmer les conditions de mise à mort dans les abattoirs, L214 montre la réalité de ce que vivent les animaux dans la production de viande, de lait ou d’œufs, et encourage les consommateurs à adopter une attitude d’achat responsable, au mieux en se passant de produits d’origine animale, au minimum en réduisant leur consommation de tels produits et en refusant ceux issus des élevages intensifs.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a donné l’envie de cofonder l’association L214 Ethique & Animaux ? À 20 ans, la tranche de jambon qui était dans mon assiette s’est superposée avec l’image du cochon tué pour l’obtenir alors que probablement c’était un animal qui aurait pu avoir une vie bien plus longue, paisible et en bonne compagnie. Je me suis retrouvée en face d’une incohérence flagrante dans ma vie : je luttais contre les injustices intra-humaines et je passais complètement à côté de celles infligées aux animaux, enfermés dans des élevages ou pêchés dans les mers. La lecture des Cahiers antispécistes a ensuite scellé, structuré mon engagement pour les animaux. Et après avoir participé à quelques collectifs et actions, « on » a décidé de créer une asso, un outil pour essayer de démonter peu à peu le spécisme, cette discrimination que des milliards animaux paient quotidiennement au prix de leur vie. « On », ce sont d’autres personnes qui comme moi, sont convaincues qu’on peut agir.
Début décembre, à Lorient, L214 a dénoncé le gavage des canards et proposé aux passants de signer une pétition interdisant cette pratique, qui devrait être remise à la Commission européenne. Peut-on vraiment lutter contre l’agrobusiness et l’élevage intensif ? C’est vrai qu’on s’attaque à des géants qui ont des moyens sans commune mesure avec les nôtres, et aussi à des croyances et des habitudes fortement ancrées. Et pourtant. Avant nous, d’autres voix se sont élevées contre des injustices, pour l’égalité. Au début, une poignée de personnes, passent, au mieux pour des utopistes, au pire pour des fous. Vous savez de quoi je parle : la lutte contre les discriminations, ça vous connaît ! Aujourd’hui, les lesbiennes ont enfin le droit de se marier, ce qui semblait impossible à obtenir il y a quelques années. Récemment, Siegfried Bracke, Président de la Chambre des représentants belge a déclaré : « Quand on parle des esclaves d’autrefois, on se demande aujourd’hui comment c’était possible (…) Les animaux sont des êtres vivants, qui ont des droits (…) et je suis convaincu que dans 200 ans on se demandera comment on a pu traiter les animaux comme on les traite aujourd’hui (…) que dans 100 ans tout le monde sera végétarien. » (Journal télévisé du 25 décembre 2014, RTBF). Les moyens de l’agrobusiness sont énormes mais nous sommes déterminés, de plus en plus nombreux et la cause est juste ! Il faut continuer à agir, ne pas se décourager, continuer d’étaler au grand jour la réalité, de souligner les mensonges de l’agroalimentaire. Des actions pour dénoncer mais aussi des actions pour montrer qu’il est possible de faire autrement, démonter les peurs et les idées assez irrationnelles qui apparaissent quand on parle d’abandonner la viande et autres produits d’origine animale.
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Catherine Helayel « Il faut avoir une personnalité bien affirmée pour assumer son véganisme »
Avocate et Vice Présidente de l’association Animal, Justice et Droit, et auteure du livre Yes vegan ! Un choix de vie, Catherine Helayel nous parle de véganisme et de droit des animaux.
Depuis quand êtes-vous végane ? Quel en a été le déclic ? Je suis végétarienne depuis plus de dix ans et végane depuis 2009, année de ma (re)naissance. Le déclic s’est fait lorsque j’ai réalisé ce qui se cachait derrière la viande, le poisson, les produits laitiers, les œufs et tout ce qui provient de l’exploitation des animaux, aussi petits soient-ils : Une souffrance terrible, une agonie de tous les instants, une douleur que nous, animaux humains, ne supporterions pas, même un court instant.
De nombreux témoignages de lectrices à ce sujet parlent de réactions vives suite à l’annonce de leur végétalisme. Je pense notamment à l’une d’entre-elles qui nous confie qu’il s’agissait « d’un nouveau coming out ». Comment expliquez-vous que l’annonce de ce choix de régime alimentaire soit souvent difficile ? Sans doute que lorsqu’on est jeune le regard et le comportement de rejet des autres est plus difficile à assumer. A mon âge (53 ans) je me fiche du jugement des autres. Je suis déjà cataloguée comme marginale car j’ai choisi de ne pas avoir d’enfant alors sans enfant et végane, je suis une « cumularde », une extra terrestre. Notre société de consommation de masse aime nous ranger dans des cases et si on n’est pas dans la bonne, c’est à dire celle de la majorité, on est montré du doigt. Il faut donc avoir une personnalité bien affirmée pour assumer son véganisme.
www.animal-justice-droit.org
www.lagedhomme.com
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Marie Laforêt « la cuisine vegan est une cuisine d’avenir »
Passionnée par le végétal et engagée pour une cuisine éthique, saine et gourmande, Marie Laforêt partage ses découvertes et expérimentations culinaires sur son blog 100 % Végétal. Egalement photographe, elle illustre ses recettes et s’implique dans la promotion d’une alimentation responsable à travers de nombreux projets associatifs. Vegan, son livre sorti en avril dernier s’est très vite imposé comme la référence des livres de recettes végétaliennes.
Quelques conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait se passer de viande dans son alimentation ? Comment effectuer la transition selon vous ? La première étape est de savoir pourquoi on veut supprimer la viande. S’informer sur l’industrie de la viande est un moment peu agréable à passer mais le choc de la réalité a un impact qui peut aider à nous dire « ok je ne veux vraiment plus participer à tout ça ». Je ne peux parler que du point de vue de mon expérience personnelle, mais lorsque l’on regarde la viande pour ce qu’elle est vraiment, je crois qu’on n’a tout simplement plus envie d’en manger. Les deux principales difficultés que l’on rencontre lorsque l’on souhaite arrêter de manger de la viande sont la pression sociale et le manque d’options végétariennes/vegan dans les restaurants et les supermarchés. Finalement ce n’est pas le fait de ne plus manger de viande qui est compliqué à mettre en place, c’est le fait de le faire dans une société (et particulièrement en France) qui n’est pas veggie/vegan friendly.
Parlez-nous de votre nouveau livre 25 assiettes vegan ? Parmi elles, quelle est votre préférée ? C’est un petit nouveau qui sort ce 8 janvier aux Editions La Plage. L’idée est de proposer des assiettes composées, complètes, avec vraiment plein d’idées à associer, combiner pour créer des repas à la fois faciles à réaliser, souvent assez rapides et délicieux. Je pense qu’il s’adresse à la fois à des novices qui souhaitent s’essayer à la cuisine vegan au quotidien et aux vegans à la recherche de nouvelles idées pour varier et cuisiner de saison. Difficile d’élire mon assiette préférée mais je suis vraiment super dingue de la salade gourmande au quinoa avec ses patates douces rôties, les noix de pécan, la menthe et plein d’épices.
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Cécile « être végétarienne ne signifie pas avoir une vie de privation. »
Cécile a 38 ans et vient de lancer Vege Tables, une application smartphone gratuite et sans publicité dédiée au végétarisme et au bio que l’on pourra télécharger sur un téléphone Apple ou Android.
Aujourd’hui vous êtes à l’initiative d’une application dédiée au végétarisme et au bio. Pouvez-vous nous en dire plus sur son fonctionnement ? Vege Tables, qui signifie légumes en anglais, est une application qui facilitera les achats pour de bons légumes à table. Dès lors que vous ouvrirez l’application Vege Tables sur votre téléphone, vous indiquerez si vous recherchez un maraîcher bio, un magasin bio ou au choix, un restaurant végétarien ou végétalien. Pour cette dernière recherche des filtres complémentaires seront ajoutés pour affiner votre recherche en fonction du budget souhaité, du type de restaurant, du souhait d’un menu sans gluten… Je n’ai souhaité m’associer à aucune marque ni aucun grand groupe car je souhaite que Vege Tables reste libre et sans parti pris.
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Végétarienne depuis 5 ans, Virginie a 37 ans, elle vit à Paris et travaille dans le secteur associatif.
« Il y a 5 ans, je me suis mise en couple avec une femme végétarienne. Je trouvais ses choix nobles et courageux sans pour autant remettre en question mes propres habitudes alimentaires. Mais très vite, cela a pesé sur notre couple, et le déclic s’est fait au cours d’une de nos conversations : soudain, j’ai arrêté de dissocier l’animal de ce que j’avais dans l’assiette. Comme le dit l’expression : « une fois qu’on a ouvert les yeux, impossible de les refermer ». Je pensais que réduire la viande me serait difficile, mais avec son aide, j’ai trouvé une alimentation équilibrée. Je n’avais plus tellement envie de manger de viande, j’ai arrêté d’en acheter, et au restaurant, je prenais spontanément les plats végétariens de la carte. Cela s’est fait naturellement, sans manque, sans difficulté… J’ai trouvé une cohérence, le cheminement est proche de l’acceptation de son orientation sexuelle. On en rencontre d’autres comme nous, et ça devient plus léger, plus facile… On s’assume ! Je suis désormais totalement convaincue que mon choix était le bon pour moi. C’était une « opportunité » à saisir, grâce à cette rencontre qui m’a ouvert les yeux, ça me rend fière et heureuse. »
Ne vous contentez pas de cet extrait et retrouvez le dossier vegan en intégralité dans le numéro de janvier de Jeanne Magazine, un bon moyen de soutenir votre magazine lesbien.
Photo Vincent Bozzolan © l214 ethique et animaux