Scénariste et réalisatrice des films lesbiens à succès Claire of the Moon, Elena Undone et A Perfect Ending, Nicole Conn vient de lancer une campagne de crowdfunding pour son nouveau projet, Nesting Doll. La réalisatrice a accordé une interview à Jeanne Magazine à découvrir dans le numéro de décembre. Extraits.
Pouvez-vous nous en dire plus sur Nesting Doll, votre nouveau projet ? Je souhaitais explorer la manière dont les différentes façons d’être mère pouvait affecter la vie des filles – comment cette relation peut avoir des effets sur la vie sociale, la santé… Nesting Doll parle aussi de toutes ces strates, superposées les unes sur les autres, que nous devons apprendre à faire tomber une fois adulte. C’est une séparation nécessaire, souvent douloureuse, parfois même le plus gros défi à relever, qui cause beaucoup de douleurs, mais qui procure aussi les plus grandes joies. Je pense très sincèrement que la relation qui lie une mère à sa fille est la seule dont nous ne pouvons jamais vraiment nous éloigner.
Trouver les fonds pour financer un film lesbien est difficile, est-ce pour cela que vous avez choisi de passer par la plateforme participative Indiegogo ? C’est la partie la plus délirante. Trouver de l’argent pour produire un film lesbien est un challenge très compliqué, une véritable plaie pour la cinéaste de films indépendants que je suis. Tout comme pour l’industrie du disque avant nous, les cinéastes de films indépendants ont été décimés. Avec internet qui permet à tout le monde de faire un film avec un iPhone, cela a rendu les choses encore plus compliquées. Entre cela et la vitesse à laquelle la communauté LGBT est passée des émeutes de Stonewall et de Harvey Milk au coming out de Jodie Foster et celui d’un joueur de football américain… Nous avons travaillé dur pour faire comprendre au monde que nous existons. Aujourd’hui, toutes les séries télévisées ont leur personnage homo, et les célébrités parlent de leur homosexualité au cours des cérémonies de remise de prix. Aujourd’hui, tout le monde veut être une lesbienne, du moins pour un film ou deux. Les célébrités sautent sur la chance de pouvoir jouer dans un film lesbien, car elles s’assurent 15 minutes de gloire, mais, les lesbiennes, elles, ne vont que très peu au cinéma. Et quand elles vont au cinéma, c’est pour aller voir le dernier Brad Pitt, plutôt que le dernier film indépendant lesbien. Elles préfèrent cocooner et regarder les films lesbiens chez elles ou entre amies.
C’est un constat un peu amer… Oui, car en plus, le plus souvent les films indépendants pour lesbiennes sortent directement en VOD. Ensuite ils sont piratés ou achetés par Netflix pour une somme dérisoire, quels que soient le nombre de téléchargements ou de vues. (…)
Par le biais de cette campagne participative, vous invitez les donateurs à rejoindre la Nicole Conn Film Family. Pouvez-vous nous parler de cette initiative ? Nous nous sommes rendues compte à la sortie de A Perfect Ending que plus les gens étaient investis dans un film avant sa sortie, plus la demande était importante. C’est une stratégie marketing qui met la charrue avant les bœufs, mais avec la Nicole Conn Film Family, je souhaitais vraiment faire quelque chose de plus enrichissant que d’avoir de simples donateurs. Nous avons des membres du monde entier à qui l’on demande de partager et de retweeter les informations relatives à Nesting Doll le plus possibles sur les réseaux sociaux. Cela crée un mouvement de femmes international qui permettent financièrement au film d’exister, et les femmes sont investies dans ce projet. Cela nous permet de construire une communauté. A une période où ferment les librairies, les cafés et les magazines, être impliquées au sein de la Nicole Conn Film Family montre clairement l’attachement à une famille LGBT. (…)
Retrouvez l’interview de Nicole Conn en intégralité dans le numéro de décembre de Jeanne Magazine.
Pour contribuer au projet du film de Nicole Conn : http://igg.me/at/nestingdoll/x/8995080
