Diane Prost, la co-créatrice de la websérie Les Goudous, est de retour au théâtre du Funambule avec son premier seule en scène La folle et inconvenante Histoires des femmes. De l’Antiquité jusqu’au XXIᵉ siècle, elle donne vie à des personnages féminins, réels ou fictifs, hétérosexuels ou homosexuels, qui ensemble, entre humour et engagement, se font les témoins de cette grande histoire oubliée des femmes, leur histoire. Rencontre.
Peux-tu te présenter en quelques mots et revenir sur ton envie de devenir comédienne ? Je m’appelle Diane Prost, je suis comédienne et réalisatrice. Depuis toujours j’essaie de me battre contre les injustices qui m’entourent : de défendre ma sœur, ou des copines du collège parce qu’elles se faisaient emmerder par des mecs, en passant par mettre tout mon lycée en grève contre les injustices qui touchaient l’éducation à ce moment-là pour finir par descendre dans la rue pour exiger nos droits en tant qu’LGBTQIAA+ Au départ je voulais être avocate, mais ce n’était pas assez grand, trop individualiste alors j’ai décidé de devenir comédienne, parce que grâce à notre métier, on peut véhiculer des choses, faire passer des messages. Avancer, ensemble. Et puis j’aime follement être sur scène, jouer pleins de personnages, essayer de me mettre dans la peau d’individus complètement opposés à moi, et surtout partager un moment intime avec les gens. J’aime tout autant être derrière la caméra, mais le rapport avec le public est très différent. J’aime la proximité et le partage.
La folle et inconvenante Histoire des femmes est ton premier seule en scène. Comment est née l’idée de cette pièce ? De la websérie Les Goudous que j’ai créée avec Charlotte Lefèvre est née l’envie de découvrir l’homosexualité dans l’Histoire. Mais il se trouve qu’à force de recherches, je me suis retrouvée face à un mur, l’Histoire est uniquement composée d’hommes, on ne parle pas des femmes et donc encore moins des femmes homosexuelles. J’ai donc décidé, avec la superbe dramaturge Laura Léoni, de faire parler celles à qui nous n’avions pas laissé la parole.
Pour l’écriture de cette pièce, tu as mené des recherches autour de l’homosexualité féminine à travers l’histoire. Comment cela s’est-il passé et qu’est-ce qui t’as particulièrement marquée au cours de ce travail ? Parler « d’homosexualité féminine à travers l’histoire » est bien ambitieux, car cela voudrait dire que l’histoire ferait référence à la sexualité des femmes et là j’ai envie de dire « LOL ». J’ai voulu parler des femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle. Ce qui m’a vraiment choquée, c’est que la femme n’était rien de plus qu’un réceptacle, une mère, elle n’existait pas autrement. Juste une anecdote par rapport à l’homosexualité féminine : Au moyen-âge l’inceste était moins grave que l’homosexualité, car il était malgré tout procréatif… Le poids de la religion sur l’homosexualité était très violent – et sur la sexualité en règle générale d’ailleurs.
De l’Antiquité jusqu’au XXIᵉ siècle, tu donnes vie à des personnages féminins, réels ou fictifs, comment les as-tu choisis ? La plupart du temps, c’est Laura Léoni qui les a inventés, car c’était difficile de trouver des témoignages de femmes. On a créé les personnages en fonction des injustices de leur époque. Par exemple, le personnage de Cornélia pendant l’Antiquité ne fait référence qu’aux hommes, elle ne parle pas de ce qu’elle vit, ressent, car toute la société était concentrée autour des hommes. Les femmes étaient au même rang que les esclaves. Pour les personnes réelles, nous avons choisi celles qui ont, de près ou de loin, essayé de faire changer les choses (Jeanne d’Arc avec son habit d’homme, Olympe de Gouges et La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne…).
Comment s’est fait le choix de l’équipe 100% féminine qui participe à cette pièce ? Je n’ai pas fait exprès de choisir que des femmes, néanmoins, c’est avec ces personnes-là que j’ai eu envie de travailler, car nous nous rejoignons sur pas mal d’idées. Et puis ça équilibre par rapport à toutes les autres pièces composées essentiellement d’hommes [Rires].
Pour terminer, peux-tu nous en dire plus sur l’avenir de la websérie Les Goudous ? Nous avons décidé avec Charlotte Lefèvre que nous ne ferions finalement pas la saison 4 des Goudous. Nous prenons des directions différentes toutes les deux, nous préférions donc arrêter là cette belle histoire. Néanmoins, je suis en préparation avec la scénariste Laura Léoni et la réalisatrice Mathilde Sereys d’une nouvelle série. Ce sera un format complètement différent, nous souhaitons qu’il y ait une réelle évolution pour les personnages. Les deux rôles principaux seront tenus par deux lesbiennes, nous parlerons de transidentité, d’homosexualité refoulée, d’hétérosexualité et de bisexualité. Nous souhaitions être inclusives pour cette nouvelle série. On se tient au courant pour la suite !
La folle et inconvenante histoire des femmes, au Funambule, du jeudi au samedi jusqu’au 30 décembre et tous les samedis et dimanches de janvier jusqu’à avril.
Infos et réservation sur funambule-montmartre.com