Dans une très belle interview accordée au Time, l’actrice canadienne revient longuement sur son coming out, sa carrière, son rôle dans Freeheld, sur le fait qu’elle adorerait jouer des rôles homos pour le reste de sa carrière et sur ses projets à venir. Extrait
Malheureusement, il existe peu de films au sujet des personnes LGBTQ, alors cela s’apparente à un risque pour la carrière des acteurs qui apparaissent dans l’un d’entre eux… Lorsque les acteurs sont considérés comme courageux parce qu’ils jouent un personnage LGBTQ, c’est à la limite de l’offense. Je ne serai jamais considérée comme courageuse d’interpréter un personnage hétéro, et je ne devrais d’ailleurs pas l’être. Il est difficile de dire cela car le contexte du film [Freeheld] est profondément tragique, mais j’ai ressenti une intense sensation de sérénité sur le plateau de tournage que je n’avais pas ressentie depuis de très longues années, probablement depuis mon adolescence et mes premières expériences dans le milieu du cinéma. Il y avait quelque chose de spécial en étant ouvertement lesbienne, pouvoir jouer un personnage homo et pouvoir interpréter le rôle d’une femme qui m’inspire tellement – ce fut une expérience incroyable pour moi. Honnêtement, si je devais incarner des personnages homos pour le reste de ma carrière, j’en serais très heureuse. J’espère vraiment pouvoir le faire, honnêtement !
Allez-vous vous essayer de vous investir plus dans la production de films ? Oui, j’ai déjà commencé à le faire – il y a ce projet qui n’a pas encore été annoncé. Je ne peux donc pas en parler spécifiquement. Et j’ai deux autres projets qui sont… « homos ». (…) Je suis lesbienne, alors quand je vais au cinema et que je vais voir La vie d’Adèle, c’est une joie absolue ! Parce que vous regardez quelque chose qui est proche de ce que vous vivez en tant que lesbienne. (…)
Lorsque vous avez accepté de jouer dans Freeheld, vous n’étiez pas encore ouvertement lesbienne… J’étais très, très, très dans le placard.
Alors en 2014, vous avez fait votre coming out dans un discours lors d’une conférence organisée par Human Rights Campaign. Est-ce que Freeheld vous a convaincu de le faire à ce moment-là ? Je pense qu’il y a eu plusieurs choses. Il s’agissait de mon parcours propre parcours personnel – qui n’avait rien à voir avec le reste. Mais lorsque vous lisez l’histoire de Stacie et Laurel, et que vous savez que vous allez la raconter, vous vous dites « Il est impossible de ne pas être une personne ouvertement homo et militante si tu fais ce film ». Je me rappelle avoir regardé le documentaire des Pussy Riot et avoir pensé “Oh mon Dieu. Le courage de ces femmes ». C’est un peu comme « Allez, fais ton coming out, dis simplement que tu es lesbienne. Tu es privilégiée, tu as une famille. Tu n’as pas d’excuse ». J’en suis arrivée au point où je me sentais coupable, pour être honnête avec vous, et je pense que je devais le faire. C’est devenu un impératif moral pour moi de parler. Je sais qu’il y a eu beaucoup de progrès, mais il y a encore tant de souffrances aux Etats-Unis, au Canada, et partout dans le monde.
Est-ce que votre coming out a eu un impact sur votre façon d’appréhender votre jeu en tant qu’actrice ? A cent pour cent. (…) Pour moi, le niveau de tristesse et le manqué d’inspiration et de joie en général, pâtissait sur mon travail. Je n’étais plus motivée. J’étais simplement déprimée. (…) Au moment où j’ai fait mon coming out, j’ai senti chaque cellule de mon corps se transformer. J’étais plus heureuse que je n’aurais pu l’imaginer. Je me suis sentie excitée par la vie, motivée et inspirée. (…)
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