Le centre LGBTI d’Alsace, La Station, organise, aujourd’hui à 19h, place Kléber à Strasbourg, un rassemblement «contre les violences LGBTIphobes». «Ce dernier vise à soutenir les personnes agressées récemment ainsi qu’à rappeler qu’en 2021 nous sommes encore la cible de violences intolérables», explique, la Station dans son communiqué.
Un rassemblement pour la visibilité des personnes LGBTI+
L’objectif de cet évènement est de se rassembler et d’exprimer fermement qu’il est temps que les violences LGBTIphobes cessent. Il s’agit également de montrer l’impact qu’ont ces dernières sur les individus, de rendre visible nos vécus. Pour cela, un temps sera dédié pour que les personnes concernées puissent raconter leur expérience.
Parce qu’à Strasbourg, on se fait encore agressé.es parce qu’on est LGBTI+
Ce rassemblement vient en réponse aux agressions LGBTIphobes qui ont eu lieu le samedi 11 septembre 2021 à 1h du matin rue Solignac à Strasbourg, envers des personnes queer qui rentraient d’un évènement organisé par un collectif queer. « Nous étions 14 personnes, on descendait du tram quand des personnes nous ont accosté et ont commencé à nous parler pour savoir s’ils pouvaient venir avec nous », explique Sam, l’une des personnes agressées ce soir-là. « Ils ont commencé à nous demander si on était ‘PD’ et à nous poser des questions sur notre orientation sexuelle. Alors qu’on pensait qu’ils avaient fini par faire demi-tour, j’ai embrassé Mathieu, un autre membre du groupe. C’est là qu’ils ont commencé à crier qu’ils ne ‘voulaient pas de ça dans leur quartier’ et s’en sont pris à nous ».
En 2021, en France, nous sommes toujours les cibles de violences intolérables
Selon le Rapport sur les LGBTIphobies 2021 de SOS Homophobie1, les violences LGBTIphobes sont encore extrêmement prégnantes dans notre société. En 2020, 1815 témoignages de personnes subissant des violences à cause de leur appartenance aux communautés LGBTI+ ont été récoltés par l’association. Si la part des violences ayant eu lieu dans l’espace public a diminué par rapport aux années précédentes, c’est une maigre amélioration qu’il faut nuancer. Cette évolution s’explique par les confinements successifs : la part d’actes LGBTIphobes reportés dans le voisinage ou la famille a largement augmenté (jusqu’à 26% des témoignages). Au total, un quart des violences recensées comprenait une forme de harcèlement et un témoignage sur 10 provenait d’une personne mineure. Ces
résultats tirent une énième sonnette d’alarme sur une situation révoltante qui ne peut plus durer. C’est pour cela que La Station, ainsi que les autres organismes LGBTI+ de Strasbourg, se rassemblent et souhaitent interpeller la société sur ces questions.
Sam, jeune queer agressé le 11 septembre 2021 rue de Solignac à Strasbourg :
« Ce serait mentir de dire que je vais bien, que nous allons bien. Comme déjà dit aux policiers, à nos familles, à nos proches, aux journalistes et maintenant à vous, rien de cassé à part le moral. Ce serait aussi mentir de dire que nous allons cesser d’être fier. Peu importe le nombre de coups rien ne nous fera baisser la tête, rien ne fera cesser de nous maquiller et habiller comme des ‘pédés’, rien ne m’empêchera d’embrasser les gens que j’aime.
Au courant de la semaine suivant notre agression, 2 sœurs trans sont mortes, elles s’appellent Sasha et Ivana. Si nous faisons appel au rassemblement aujourd’hui c’est pour se dresser ensemble face à toutes les violences queerphobes.
Nous voulons cesser de compter les insultes, cesser de compter les coups, cesser de compter nos morts.
Nous étions 14, un groupe de 14 ne les a pas dissuadés de nous envoyer à l’hôpital. Nous voulons cesser d’avoir peur, car aujourd’hui cette peur est motivée. Nous voulons cesser d’avoir peur d’être qui nous sommes. Nous voulons cesser d’avoir peur la nuit. Nous voulons cesser d’avoir peur de sortir. Nous voulons cesser d’avoir peur d’aimer celleux que nous aimons. Car jamais nous ne cesseront.
Ceux qui s’en sont pris à nous aimeraient entendre que je vais faire profil bas. Après tout c’est ce qui à ‘motivé’ leurs coups ‘On a rien contre les pédés mais vous faites pas ça devant nous’. Mais jamais je ne cesserai. Tout comme dans la nuit de vendredi je me relèverai, je relèverai la tête, ajusterai mon liner, et embrasserai qui me plaira. Maintenant, je garderai les yeux ouverts.
Nos amours queers, notre liberté, notre fierté seront toujours plus forts que leur haine et leur ignorance. »
Amélie, présidente de La Station LGBTI+
Aujourd’hui nous faisons face à une évolution de façade de cette société soi-disant progressiste et inclusive. Cette même société qui dépsychiatrise la transidentité mais qui continue à traiter les personnes trans comme des aliéné.e.s ; qui exclut sciemment une partie de la population de l’accès à la PMA à travers la loi ; qui mutile des nouveau-né.e.s au nom d’une normalité qu’on ne trouve nulle part dans l’ordre naturel. Nous ne voulons plus de ce fonctionnement qui n’a à proposer que de la protection policière et qui omet l’importance de faire évoluer les mentalités pour qu’enfin les citoyen.ne.s LGBTI+ puissent librement vivre leur vie, et pour que enfin les actes soient en accord avec
les discours.
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