Ce matin sur France Inter, la romancière franco-marocaine Leïla Slimani, qui a reçu hier le prix Goncourt pour Chanson douce, est revenue sur l’arrestation des deux jeunes filles mineures jugées aujourd’hui pour homosexualité et a appelé les Marocains à se rebeller contre « une législation moyenâgeuse » qui les maintient « sous une chape de plomb ».
« La législation au Maroc est complètement moyenâgeuse, complètement déconnectée de la réalité. (..) Il y a des normes qui interdisent les relations sexuelles hors mariage, qui interdisent l’homosexualité, qui pénalisent l’adultère. Et il y a des pratiques qui sont complètement à l’inverse de ces normes. Il ne faut pas être hypocrite, on sait très bien que les Marocains ont une vie sexuelle hors du mariage, et c’est tout à fait normal, et qu’il existe des homosexuels. On maintient cette dichotomie, on maintient ce fossé parce que ça arrange le système, ça arrange certains. ». Elle poursuit : « L’humiliation du citoyen au quotidien, et le fait de le maintenir sous une chape de plomb, favorise un système politique qui est celui de l’humiliation, l’indignité, l’abus de pouvoir. Et je pense qu’il est temps que les citoyens se rebellent contre cela. A mon avis, cela n’a aucun rapport avec la religion. Beaucoup d’imams, beaucoup de théologiens extrêmement éclairés vous expliqueront que ça n’a aucun rapport. La question, c’est la question des droits de l’Homme, des droits sexuels, de la dignité et, en particulier, la dignité du corps de la femme. Il faut imaginer une femme qui ne soit à personne, qui ne soit ni une mère, ni une soeur, ni une épouse, mais une femme et un individu à part entière ».
REVOIR – @leislim : « Imaginez une femme qui ne soit à personne : qui ne soit ni une sœur, ni une mère, ni une épouse. Une femme, libre. » pic.twitter.com/95HXkcwKvl
— France Inter (@franceinter) 4 novembre 2016