Pour le site internet PRI (Public Radio International), la journaliste américaine Lauren Ober a rencontré AJ, une jeune lesbienne qui a grandi en Arabie Saoudite. AJ lui explique ce que c’est qu’être lesbienne dans un pays où l’alcool, les tatouages LGBT et le simple fait de conduire une voiture lui sont interdits, et où l’homosexualité est encore considérée comme un crime.
Dans un restaurant de Virginie du Nord, la jeune femme de 34 ans confie à la journaliste que dans sa famille, tous ne savent pas qu’elle est lesbienne : « Ma mère était très stricte. Je n’avais pas le droit de sortir avec mes amies, ni de quitter la maison, de rendre visite à des amis ou quoi que soit ». Elle explique aussi que si elle pouvait faire un bond dans le passé et se retrouver à l’âge de 17 ans pour se dire qu’elle arrêtera un jour de porter le hijab, qu’elle sera propriétaire d’une voiture et qu’elle aura une petite amie, son jeune moi ne l’aurait jamais cru.
« J’ai toujours eu un faible pour les femmes » raconte AJ qui indique par ailleurs que cela n’est pas surprenant en Arabie Saoudite : « Il est très courant, en Arabie Saoudite, pour les femmes d’avoir un faible pour une autre femme. Mais ensuite, quand cela devient plus sexuel, c’est là que vous devez fixer les limites. ». AJ n’a donc jamais parléà qui que ce soit de ce qu’elle ressentait pour les femmes, et elle raconte être allée sur internet pour y taper ses « symptômes ». Et lorsque Google lui a « annoncé qu’elle était lesbienne », AJ a refusé de l’accepter, non pas à cause de la religion musulmane, elle explique n’avoir jamais été croyante, mais parce qu’il est pratiquement impossible dans son pays de mener « une vie ouverte et honnête en tant que personne queer ». La jeune femme a donc décidé de chercher « refuge » sur internet pour y trouver une communauté : « Il y avait quelques chatrooms pour les lesbiennes. Je suis donc allée sur internet pour parler. Mais vous ne connaissez jamais les noms, ni les numéros de téléphone, il y a juste cette possibilité de discuter en ligne. ». AJ explique par exemple qu’à propos de sa première petite amie, qu’elle a rencontrée sur internet, il s’est passé environ un an et demi avant qu’elle connaisse son prénom.
Comme elle avait passé du temps aux Etats-Unis lorsqu’elle était jeune, AJ a donc décidé de s’y rendre pour ses études. Une fois son cursus terminé, elle s’est alors posé une question : rentrer chez elle en Arabie Saoudite ou demander l’asile aux USA en raison de son orientation sexuelle ? Entre considération financière et émotionnelle, la demande d’asile fut un choix difficile : « C’est un peu comme être une personne sans patrie. C’est vraiment une épreuve. Vous sentez que vous trahissez votre famille. » AJ a finalement opté pour une demande d’asile afin de pouvoir mener la vie qu’elle souhaite. Sa mère aujourd’hui, qu’elle ne voit qu’une fois par an lorsqu’elle lui rend visite, ne sait toujours pas qu’AJ est lesbienne. Mais pour la jeune femme, ce sacrifice familial aussi difficile soit-il est préférable à une vie dans le placard où la menace est quasi permanente : « J’ai trop peur de penser à ce qu’il se serait passé si j’étais rentrée à la maison. Je n’ai aucune idée de la façon dont les choses se seraient déroulées. » Aujourd’hui, AJ est beaucoup plus sereine, les Etats-Unis lui ont accordé le droit d’asile et elle va prochainement recevoir la fameuse carte verte.
Source : PRI
Photo : Lauren Ober
Bravo pour son courage. Je ne comprends toujours pas comment à notre époque l’homosexualité peut encore être considéré comme un crime, pays musulman ou non…
En effet, bravo pour son courage !
La peur, la honte sont encore trop souvent accolés à l’amour.
Cette phrase pour moi montre bien l’hypocrisie sociale bien ancrée dans pas mal de pays (en France aussi !) :
« Il est très courant, en Arabie Saoudite, pour les femmes d’avoir un faible pour une autre femme. Mais ensuite, quand cela devient plus sexuel, c’est là que vous devez fixer les limites. »
Mademoiselle T