Porteuse de la mutation génétique BRCA1, qui prédispose aux cancers du sein et de l’ovaire, Angelina Jolie, qui a subi de manière préventive une double mastectomie il y a deux ans, et une ablation des ovaires et des trompes de Fallope la semaine dernière, a signé Diary of a Surgery (journal intime d’une opération) une tribune courageuse, émouvante et bienveillante publiée hier dans le New York Times pour « alerter les autres femmes. ». L’actrice de 39 ans, qui a perdu sa mère, sa grand-mère et sa tante à cause de cette mutation génétique, avait déjà publié une tribune dans le journal américain le 14  mai 2013 pour que « d’autres femmes à risque puissent connaître les options » et elle y avait promis d’y donner une suite afin de partager toutes les informations qui pourraient être utiles aux autres, incluant les prochaines opérations préventives, l’ablation des ovaires et des trompes de Fallope. Hier, Angelina, grâce à qui de nombreuses femmes ont déjà passé un test de dépistage, a donc une nouvelle fois partagé son intimité et son combat contre la maladie. Emue et admirative, Jeanne Magazine a décidé de vous traduire une grande partie du texte.

 

« Il y a deux ans j’avais écrit une tribune afin d’expliquer mon choix d’avoir recours à une double mastectomie préventive. Une simple prise sang avait alors révélé que j’étais porteuse de la mutation du gène BRCA1. Ce qui portait le risque d’un cancer du sein à 87% et d’un cancer des ovaires à 50%. J’ai perdu ma mère, ma grand-mère et ma tante à cause du cancer. Je souhaitais que d’autres femmes à risque puissent connaître les options. J’avais promis de donner suite à cette tribune afin de partager toutes les informations qui pourraient être utiles, incluant les prochaines opérations préventives, l’ablation des ovaires et des trompes de Fallope. C’était prévu depuis quelques temps. C’est une opération moins complexe que la mastectomie mais que ses effets sont bien plus importants. Cela impose la ménopause aux femmes. Je me suis donc préparée physiquement et émotionnellement, discutant des options avec les docteurs et faisant des recherches à propos de solutions médicales alternatives. Je pensais qu’il me restait quelques mois pour planifier l’opération. Il y a deux semaines j’ai reçu un appel de mon médecin pour parler des résultats de ma prise de sang. ‘Vos CA-125 sont normaux’ m’a-t-il dit. J’ai poussé un soupir de soulagement. Ce taux a pour objectif de mesurer le taux de protéine CA-125 dans le sang et est utilisé comme mesure pour le cancer ovarien. Je le réalise chaque année à cause de mes antécédents familiaux. Mais ce n’était pas tout. Il a continué ainsi ‘Il y a un nombre élevé de marqueurs inflammatoires et pourrait être un signe précurseur de cancer.’ J’ai fait une pause. ‘Le CA-125 a un risque de 50 à 75% de ne pas voir les premiers signes du cancer ovarien’ m’a-t-il dit. Il m’a intimé de voir un chirurgien immédiatement pour vérifier mes ovaires. Je suis passée par ce que des milliers de femmes ont traversé. Je me suis dit de rester calme, d’être forte et qu’il n’y avait aucune raison de penser que je ne serai plus là pour voir mes enfants grandir, ni rencontrer mes petits-enfants. J’ai appelé mon mari en France, qui a pris un avion quelques heures plus tard. Ce qui est merveilleux dans ce genre de moments est que tout est très clair. Vous savez les raisons pour lesquelles vous aimez la vie et ce qui compte vraiment. Le jour même je suis allée voir la chirurgienne, qui avait traité ma mère. La dernière fois que je l’avais vu, c’était le jour où ma mère venait de mourir. Elle a pleuré en me voyant ‘Vous lui ressemblez tellement’. J’ai fondu en larme. Mais nous nous sommes souris et nous nous sommes dit que nous étions là pour régler le problème. (…) Rien à l’examen n’était problématique. J’étais rassurée de savoir que s’il s’agissait de cancer, il ne s’agissait que du premier stade. S’il était ailleurs dans mon corps, je le saurai dans cinq jours. J’ai passé ces cinq jours dans le brouillard, à me rendre au match de foot de mes enfants tout en me forçant à rester calme et concentrée. Le jour où les résultats son arrivés, le scan PET/CT était bon et le test de cancer était négatif. (…) Il restait un risque tout de même de cancer, mais il était mineur comparé à une tumeur invasive. J’avais tout de même le choix de me faire enlever les ovaires et les trompes de Fallope, et j’ai choisi de le faire. Je n’ai pas choisi de le faire uniquement à cause du gène BRCA1 que je porte en moi, et je souhaite que d’autres femmes entendent cela. Un test positif BRCA ne signifie pas obligatoirement de franchir le pas chirugical. J’ai parlé à de nombreux médecins, chirugiens et naturopathes. Il existe d’autres options. (…) Il existe plusieurs manières de régler un problème de santé. La chose la plus importante est de connaître les différentes options et de choisir celle qui vous convient le mieux à titre personnel. Dans mon cas, les docteurs que j’ai rencontrés m’ont tous confirmé que l’ablation des ovaires et des trompes de Fallope était la meilleure solution, car au-delà du gène BRCA, trois femmes dans ma famille sont mortes à cause du cancer. (…). La semaine dernière j’ai donc subi l’opération en question. Il y avait une tumeur bénigne sur un ovaire, mais aucun signe de cancer dans les tissus cellulaires. (…)  Je reste sujette au cancer. Je vais chercher des moyens naturels de renforcer mon système immunitaire. Je reste féminine et déterminée dans les choix que je fais pour moi et ma famille. Je sais que mes enfants n’auront jamais à dire ‘ma mère est morte d’un cancer des ovaires’. Malgré les hormones de remplacement que je prends, je suis désormais ménopausée. Je n’aurai plus la possibilité d’avoir des enfants et je m’attends à quelques changements physiques. Mais je me sens à l’aise avec ce qui va venir par la suite, non pas parce que je suis forte, mais parce que cela fait partie de la vie. Il n’y a aucune raison d’être effrayée. Je suis triste pour les femmes à qui cela arrive tôt dans leur vie, avant qu’elles n’aient pu avoir d’enfant. Leur situation est bien plus difficile que la mienne. Je me suis renseignée et j’ai découvert qu’il existe des options pour les femmes afin de se faire retirer les trompes de Fallope tout en conservant leurs ovaires, et ainsi pouvoir avoir la possibilité de porter des enfants et ne pas être ménopausée. J’espère qu’elles sont au courant que cela est possible. Cela n’est pas simple de prendre ces décisions. Mais il est possible d’en prendre le contrôle et de s’attaquer de front à n’importe quel problème de santé. Vous pouvez prendre conseil, vous renseigner sur les différentes options possibles et choisir ce qui est bon pour vous. Le savoir est le pouvoir. Le savoir est le pouvoir. »